C'est la technique de l'effet d'annonce progressif. D'abord, on dit non. Ensuite, on dit peut-être. Enfin, on dit la vérité puisqu'on ne peut pas faire autrement. Lors de la cérémonie de vœux à la mairie d'Heudebouville, Hubert Zoutu, maire de cette cité, a fait état des difficultés financières de certaines communes et indiqué : «il faudra rechercher des économies de fonctionnement.» Franck Martin, maire de Louviers, lui a fait écho en assurant : «des économies de fonctionnement mais sans doute aussi une hausse des impôts.» Il l'a dit sans le dire tout en le disant pour que l'on comprenne bien que les Lovériens doivent se préparer à une hausse des impôts locaux.
Cela, Michel Doucet, ancien adjoint aux finances, l'avait affirmé dès le vote de la Décision modificative. Et il avait réitéré sa mise en garde lors de la dernière séance du conseil municipal en prévoyant même un compte administratif 2008 en déficit sévère. On comprend bien qu'après toutes les promesses de la campagne électorale, il soit difficile de se renier et d'être contraint sous l'effet de la dure réalité, de faire le contraire de ce qu'on avait dit qu'on ferait. «Faire ce que l'on dit, dire ce que l'on fait» C'est avec des phrases comme celle-là que la majorité municipale actuelle est restée dans ses fauteuils. Les Lovériens ont cru au père Noël et ils vont s'apercevoir dans quelques semaines que sa hotte était pleine de mauvaises surprises.
Le maire reproche à l'opposition de prédire des catastrophes et de crier, quand elles surviennent : «on vous l'avait bien dit !» L'opposition, comme dans toutes les enceintes de France, a le pouvoir de s'opposer. Elle doit user de ce droit. A moins qu'on ne veuille la museler, comme au Palais-Bourbon…