Brèves de crise

Publié le 13 janvier 2009 par Objectifliberte

"So begin the serious sovereign downgrades ?"  -- C'est la question posée par l'équipe de rédaction du Financial Times : Standards and Poors place la notation de l'état espagnol "sous surveillance". La menace de "credit crunch étatique" se rapproche inexorablement... Extrait du blog du FT, Alphaville :

the credit-driven nature of Spain’s strong growth performance in recent years has led to a build-up in imbalances, as evidenced by the sizeable current account deficit (around 10% of GDP in 2008). Due to the need for the private sector to restructure and deleverage balance sheets, we believe that the unwinding of the deficit increases the probability of a protracted economic slowdown… Despite a relatively strong starting position, we expect the Kingdom’s public finances to deteriorate markedly, with the general government deficit rising well above 3% of GDP until 2011, and peaking above 6% in 2009.

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Des cadavres dans les placards --- Et comme si cela ne suffisait pas pour le royaume du bon roi Juan Carlos, la banque Santander, présentée encore il y  a trois mois comme un pilier du système bancaire mondial, est sous l'oeil de la justice, pour cause de 2,3 Mds€ de pertes pour ses clients chez Bernard Madoff. Le tout sera de savoir si les clients de Santander avaient donné leur accord explicite à des investissements à risque. Sans quoi, Santander devra payer. Cela fait toujours mauvais effet.
Pour ma part, je m'attends à ce que la publication des résultats annuels des banques (qui doivent être certifiés) révèlent de nouvelles et nombreuses dépréciations d'actifs...

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On peut tromper mille personnes une fois ... -- ...Mais on ne peut pas tromper les marchés indéfiniment. Des analystes distingués commencent à poser la question taboue qui fâche les "relancistes" et que personne n'aurait sérieusement envisagée il y a deux ans: est-il certain que les USA puissent rembourser leur dette ? Dans le Washington Post d'hier, sous la plume d'un certain Greg Ip, voici ce qu'on peut lire: 

Yes, default is unlikely. But it is no longer unthinkable. Thanks to the advent of credit derivatives -- financial contracts that allow investors to speculate on or protect against default -- we can now observe how likely global markets think it is that Uncle Sam will renege on America's mounting debts. Last week, markets pegged the probability of a U.S. default at 6 percent over the next 10 years, compared with just 1 percent a year ago. For technical reasons, this is not a precise reading of investors' views. Nonetheless, the trend is real, and it is grounded in some pretty fundamental concerns.

Je pense que concernant les USA, la crainte est exagérée, même s'il n'est pas interdit de se faire peur. Mais par contre, cela annonce une remontée quasi certaine des taux longs auquel l'état américain pourra s'endetter. Et par ricochet, tous les autres emprunteurs seront soumis à une pression encore plus forte. Et si les investisseurs s'interrogent sur la capacité de l'état américain à être solvable, où encore boudent les enchères Allemandes, cela promet de salutaires révisions à la baisse des "plans de relance" par les déficits que les états du monde entier annoncent plus ou moins inconsidérément. 

De plus, l'emploi d'une méthode de non remboursement plus pernicieuse est à craindre: le retour d'une inflation très supérieure à celle que nous connaissons maintenant. Les folies injectrices des banques centrales, et notamment de la FED, risquent d'effrayer les investisseurs soucieux de percevoir 4% d'intérêts (avant taxes) avec une inflation quelque part entre 5 et 10...

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Agences de notation, un oligopole public d'état --- Excellente analyse du rôle pervers de la réglementation étatique des agences de notation, et de leur agrément d'état, par Guillaume Vuillemey, de l'institut Molinari. Extrait: 

L'État américain s'appuie donc sur les jugements émis par les agences de notation pour déterminer les actifs que ces gros investisseurs peuvent détenir.

Ceci a plusieurs conséquences. Tout d'abord, la demande pour les notations augmente très fortement, car tout émetteur qui veut vendre ses obligations ou ses produits financiers aux gros acheteurs réglementés doit auparavant avoir été noté. Dans le même temps, la SEC impose des critères très stricts pour que les agences de notation puissent être autorisées à émettre des avis sur la solvabilité des entreprises ou la solidité des produits financiers. Elle crée ainsi une barrière à l’entrée sur le marché de la notation, qui profite essentiellement aux trois grandes agences déjà citées. En réduisant la possibilité pour de nouveaux entrants de venir concurrencer les agences en place, la nouvelle barrière à l’entrée réduit l’incitation de celles-ci à fournir des conseils toujours plus pertinents aux investisseurs.

Les notes émises par les agences deviennent en quelque sorte des « biens publics », car l'État américain s'appuie dessus pour appliquer la nouvelle réglementation.

La réglementation évoquée par Guillaume est lisible ici. Les notations des agences devraient être libres, et devraient n'avoir aucun usage réglementaire, de façon à laisser le marché sélectionner les agences qui donnent les meilleurs conseils.Voilà qui rejoint ma position, exprimée au détour d'une note que je ne retrouve plus (je ponds tellement...)

Qui eut dit que les agences de notation seraient un jour au coeur de la "tragedy of commons" ?

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Quand l'état peut toucher la rente foncière... -- Wendell Cox (en savoir plus ici sur lui) nous apprend sur son blog que l'état Fédéral a voulu profiter de la bulle immobilière pour jouer au spéculateur foncier dans le Nevada: en effet, l'état fédéral est propriétaire de vastes étendues autour de Las Vegas notamment dans cet état. En restreignant brutalement les ventes de terrain, l'état fédéral a voulu maximiser ses revenus au détriment de l'accessibilité financière du logement dans cet état. Résultat:

The federal government owns 90 percent of the land in Clark County, which contains the entire Las Vegas urban area and private land for development has been in short supply for some time. According to Doug French, the price of land for housing generally sold for $40,000 to $50,000 per acre in the late 1990s. By the time French was writing (2002), the price at auction had risen to $250,000. Over the past two years, the average price has been $563,000.
From his 2002 vantage point, Feds Drive Up Nevada Home Prices, French noted that the median house price in Las Vegas was $124,000 in 1995 and had risen to $187,000. He noted that if this rate continued, the median house price would be more than $280,000 by the end of the decade. He was far too conservative. By the end of 2006, the median house price had reached nearly $320,000.

L'Arizona est le second état a avoir expérimenté le même phénomène, même si le méchant n'y est pas là bas l'état fédéral mais l'état d'Arizona. Qu'importe, donner la terre à l'Etat, et vous êtes certains de voir celui ci, tôt où tard, arbitrer en faveur de ses recettes contre le pouvoir d'achat de ses citoyens. Une façon comme une autre de lever l'impôt !

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