Je crois que du plus loin de mes souvenirs d'enfance, ils y a le conflit israélo-palestinien. Mes 40 ans passés sont un signe simple et fort que rien n'a changé et il y a fort à parier que mes enfants aussi connaîtront longtemps le régulier et lancinant déchirement de ces deux peuples qui se trouvent par un particulier hasard sur les terres même qui fondèrent notre civilisation.
Il n'a en effet pas lieu d'être particulièrement optimiste tant la notion de règlement du conflit a fait partie intégrante de la vie politico-médiatique des 30 ans qui viennent de s'écouler.
On saluera donc en premier lieu tous ces experts, visionnaires et autres conciliateurs qui vécurent leur carrière à annoncer l'inannonçable et son contraire sans sourciller. Les nouvelles victimes leur sont dédiées, donneurs de leçons impénétrants et hypocrites partisans de l'immobilisme autant qu'ils le produisent.
Les "rois fainéants" et leurs cohortes de conseillers et courtisans ont intégré cette guerre, l'ont accepté. Le dernier élu de nos rois n'a pas manqué d'y ajouter sa contribution sous la forme d'un déplacement express aussi ridicule qu'inefficace et qui n'avait au fond qu'un seul but : être dans la zone d'actualité au cas où il se passerait quelque chose de positif à récupérer.
Car il va de ce conflit récurrent comme pour d'autres qu'ils ne sont plus des évènements mais des faits, on ne les subit plus, on s'en sert.
A cet égard, on notera combien Israel avait trés minutieusement pensé cette offensive ne laissant rien au hasard pour ce qui concerne la préparation et le traitement de l'opinion.
Les images atroces se succédent dans une belle indifférence voire dans le jemenfoutisme le plus fameux, France 2 ayant ainsi en toute tranquillité illustré les combats sanguinolents d'images.... d'archives. Un acte manqué plus qu'une erreur finalement car le sujet répétitif se prête visiblement à une présentation identique. D'autant qu'il n'y a pas là matière à prendre des risques. Les journalistes grands reporters ne vont tout de même pas mourir pour Gaza. Il suffit donc que l'armée israélienne interdise l'accès de la bande de Gaza pourqu'il en soit ainsi. Et si la victoire n'était pas finalement la plus significative dans cette simple constatation de servilité ? car militairement comme politiquement rien ne sera réglé une fois le terrain nettoyé au carsher à phosphore d'ailleurs bien plus efficace que le carsher traditionnel que l'on trouve dans le commerce. A l'heure des technologies faciles, des appareils photo miniatures captant de la vidéo, aucune image originale ne provient des lieux qui monopolisent pourtant l'information. Drôle d'information qui reprend, répète à la folie de maigres éléments. Comme un symbole de notre petit poids diplomatique et militaire dans un monde larvé qui de Bagdad à Kaboul en passant par Gaza détruit, tue, humilie. Et fabrique aussi : des martyrs extrémistes et des rescapés cabossés. Des acteurs involontaires de notre quart d'heure télévisé de l'effroi qui ne croient plus en la démocratie comme d'autres du capitalisme. Deux piliers de nos sociétés qui s'effondrent en même temps, on a vu des tours jumelles s'effondrer pour moins que ça. Au final ne subistera que l'hébètement et l'incompréhension, pas les meilleures armes pour s'en sortir.
"Les journalistes, disait Coluche, ne croient pas les mensonges des hommes politiques, ils les répètent ! c'est pire". Mais il nous reste nos éminents représentants de l'intelligentsia au premier rang desquels ce bon Bernard-Henry Lévy. Après ses escapades romancées en Géorgie, suite de ses visites outrées en Afghanistan et de ses sorties médiatiques à Sarajevo, il se faisait bien discret...
« N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements israéliens sur Gaza auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » Outre que c'est bien la première fois qu'il fait preuve d'humilité, sa sortie pro-israélienne s'argumente et se défend volontiers à tel point que l'on se plait à l'imaginer sous d'autres cieux : « N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements russes sur Tskhinvali auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » ça a de l'allure non ? « N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements américains sur Azizabad auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » n'est pas mal non plus.
Ah allez, une petite dernière pour la route, pourquoi donc BHL l'auteur des "Aventures de la Liberté" ne nous a t'il pas gratifié d'un tonitruant « N’étant pas un expert militaire, je m’abstiendrai de juger si les bombardements serbes sur Sarajevo auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. » Oui pourquoi ? Parce qu'il aurait pris mon poing sur la figure. Tout simplement. L'histoire a beau se répéter, voyez-vous, son interprétation peut décidemment prendre différents visages...
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