Bon, OK.
Je t'ai mis l'eau à la bouche là, l'autre fois, quand je t'ai parlé de ma super sortie ski top glamour dans une station à côté de chez moi.
Du coup, tu as jeté un oeil sur ton pauvre compte en banque qui a bien maigri depuis la crise (pas comme toi finalement qui t'es - une fois de plus - bourrée de galette des rois ce week-end). Tu as donc - péniblement - négocié avec ton banquier un crédit à la consommation remboursable sur 10 ans pour te payer des vacances de février au frais, sur les pistes enneigées des stations de sports d'hiver à la mode.
Après tout, ton surendettement sera finalement réglé avec le rachat de tes crédits par Sofinco, sans compter l'assistante sociale qui aura épongé tes dettes de la télé écran plat et du dolby surround high tech que tu t'es offert le trimestre dernier.
Galopin.
Bref, se pose donc pour toi une question cruciale. Essentielle. Indispensable.
Quid du ski à proprement parler?
Oui parce que, finalement, toi, tu veux bien aller frimer à La Plagne, tu veux bien rouler ta caisse aux Deux Alpes, tu veux bien te la péter à Chamonix, mais le hic, c'est que le ski, point tu ne sais pratiquer. Ha. Alors, qu'est-ce qu'on fait?
Ben on demande à tata, et on dit merci.
"Merci tata".
De rien.
Bon.
Alors ma vieille, si tu veux être la star des pistes cotonneuses, la première chose à prendre en compte, c'est... Comment ça la technique? Mais n'importe quoi, toi!
C'est le look, bien sûr. Evidemment. Pff.
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Et tu t'inspires plutôt de la Victoria, qui en jette grave. Pour une fois, on ne fait pas les mauvaises langues de
Le must bien sûr, c'est les skis Chanel. T'as pas les moyens? Ben tu refais un crédit ma grande, tu demanderas à ton tuteur (désigné d'office par ton banquier après ton procès pour surendettement) de régler tout ça. Tu vas pas quand même porter sur ton épaule glamour des Dynastar, non?
Voilà. Après t'es la reine. T'as même pas besoin de skier en fait. Tu fais que porter tes skis sur l'épaule d'un air nonchalent, genre "je viens de me dévaler dix-huit pistes noires et un parcours en poudreuse de dingue, que même pas je suis décoiffée tellement je suis une star en ski, tellement j'assure grave".
Et tu prends un air hautain et supérieur. Forcément. Et tu regardes dédaigneusement la tenue Décathlon jaune poussin de ta voisine de gauche à la terrasse du bar en bas des pistes.
Voilà.
Ah, si, deux-trois détails...
Si l'envie te prenais d'aller sur les pistes pour de vrai, alors là... T'as intérêt à la jouer fine.
Déjà, tu dis à tout le monde que tu as un peu mal aux genoux en ce moment, à cause d'un saut en élastique le mois dernier qui t'as un peu trop secouée (toujours impressionnant, le coup du saut en élastique). Et ça justifiera ton style plus que moyen.
Je te passe les détails techniques, style comme les chaussures de ski c'est trop relou pour marcher-ça fait mal aux chevilles-c'est super dur à fermer. Et comment c'est chiant pour aller aux toilettes quand t'as les bras de la combinaison qui traînent par terre dans le pipi des autres (ou pire).
Après, le moment venu. Il faut monter en haut pour descendre en bas. Logique. Sache alors que tu as deux moyens différents pour grimper en haut des pistes, avant de les dévaler tant bien que mal.
N°1: Le télésiège.
Tranquillou, tu t'assoies quand ça arrive à ton niveau, t'essayes quand même de pas faire honte en t'asseyant trop tôt (t'auras l'air fin, les fesses dans la neige, les skis t'empêchant de te relever sans glisser, tout le monde qui te tire par les bras pour te redresser. Le gars qui surveille va être obligé d'arrêter toute la bécane pour éviter que ça ne te fracasse le crâne. Discrétion: zéro, ridicule: maximum).
N°2: le tire-fesses. Ou téléski, au choix (selon ton snobisme vocable).
Alors là, carrément tu t'assoies pas, malheureuse! Même si l'engin ressemble vaguement à un repose-bobonne, avec son palet qui pendouille au bout d'une tige métallique.
La tige sert seulement à te tirer (en tout bien tout honneur bien sûr), et le palet à t'entraîner avec elle le long d'un parcours remontant. Ainsi, tu te retrouves en haut des pistes sans efforts. Tu restes debout, le bidule entre les cuisses relativement serrées (mais pas trop non plus, juste assez pour bloquer le palet - précision pour les blondes éventuelles qui passeraient par là).
Le plus dur, c'est de tenir la tige d'une main et les deux batons à la fois dans l'autre. Tu peux y arriver, t'en as vu d'autres (hein que t'en as vu d'autres?). Et tu restes bien DEBOUT. Sinon, tu vas encore te retrouver les quatre fers en l'air. Sans compter que le perchman, il va encore arrêter la bécane. Et les gens déjà sur le machin vont se retourner pour voir le boulet.
Et oui, encore toi. On te remarques avec tes skis Yves Saint Laurent.
Ta combinaison Chanel n'y peut plus rien.
T'aurais mieux fait de rester au bistro.
La station est petite, ils te reconnaîtront dans la rue. Dommage...
T'auras surendetté pour rien.
Voilà.
...
Quoi, la descente? Ah oui, la descente.
Pas compliqué en fait. T'as pas peur, tu te laisses glisser sur les skis Chanel à 10 000.
Evite le chasse-neige, les skis en "chapeau pointu" et les genou en dedans, c'est vraiment trop ridicule. Surtout en combinaison Versace. Ou Dior. Ca tue. Le décalage modesque, oui, mais y'a des limites.
Garde les jambes parallèles. et tourne (essaye du moins), pour ralentir quand tu sens que tu prends trop de vitesse.
Pour tourner, pas compliqué, tout est dans l'planté de bâton (m'sieur Duss). Tu plantes du côté où tu veux tourner, tu reportes ton poids sur le ski correspondant, ça devrait tourner tout seul.
Devrais j'ai dis.
Si t'oublies pas de déplanter le bâton.
Sinon, tu fais un demi-tour sur toi-même. Et tu te retrouves encore dans ta position favorite, les fesses dans la neige. Ma pauvre. T'es sûre que tu veux encore aller faire du ski? Hein?
Ouaih, t'as raison. Autant attendre les autres en bas devant une bonne crêpe. Ou avec des frites.
Et on se consolera ce soir avec la fondue.
Après l'effort le réconfort, pas vrai? Trop dur d'être un sportif...