Bien le coucou
Voilà une plante über comestible, aimablement placide et, somme toute, bien mignonne. A commencer par son blaze: la bette. Bette comme chou. Bette Davis. Bette à Bon Dieu. Voyez quoi…
Remarquez que la cousine bette change de nom selon les latitudes. D’aucuns la nomment poirée, blette, blette à cardes ou poirée à cardes. Les cardes, ce sont ses côtes. Ses côtes, ce sont les cardes.
Voilà pour les présentations. On espère vous avoir rendu la bette humaine.
Ce qui a de satisfaisant dans cette bette-là, c’est qu’elle se dévore de la tête aux pieds. Oui, le blanc et le vert. Le premier en gratin, le second en salade. Par exemple.
Tout ça pour vous refiler notre recette archi domestique, couillonne et d’un classicisme frisant le retropédalage alimentaire sévère de gratin de côtes de bette. Sans curry. Sans citronnelle. Sans piment basque ni fève tonka. A la régulière. Roots de chez roots. Bas du front mais franc du bonnet. Toute bette, quoi.
Chopez la bette et, de la pointe d’un couteau habile, détachez la côte des feuilles.
Taillez les côtes en tronçons de taille amicale (grosso modo 2, 6 cm sur 3, 7), en prenant soin de tirer les fils qui ne manquent pas de se présenter à vous. N’en faites pas une maladie non plus. Nettoyez sous le robinet (ouvert, le robinet). Puis blanchissez les côtes dans une eau à la fois frémissante, citronnée et salée, jusqu’à ce que la bette s’attendrisse, tout en restant un rien croquante à cœur (de bette).
Pour la durée exacte de séjour dans la casserole, examinez le graphique ci-dessous.
En abscisse, le temps de marmitage. En ordonné, le taux de coriacité. Tirez-en les conclusions qui s’imposent. Puis poussez un cri (de bette).
Bref. Beurrez un plat à gratin. A l’écumoire, extrayez les côtes de leur bain. Répartissez les harmonieusement. Sel, poivre. Ajoutez une bonne louchée de crème fraîche, un rien de gruyère râpé, une rasade de lait. Touillez. Couvrez de râpé. Et laissez gratiner quelques minutes de rab. Avec ça, une grosse tranche de lard paysan grillé, ça peut le faire.
«Et le vert, qu’en faire?», vous lamentez-vous devant votre computer slim. Nettoyez et émincez les feuilles. Et blanchissez-les dans la même eau que les côtes. Dix minutes environ. Toujours citronnée l’eau, pour garder un brin la couleur. C’est triste, une bette noire.
Puis utilisez-les avec fantaisie, comme vous le feriez d’épinards, par exemple au sein d’une salade mêlée, vinaigrée au balsamique, simplement coiffé de tranches d’un excellent foie gras mi-cuit qui passait par là.
Chez nous, il y en avait justement un qui passait par là. On a eu du pot (de bette)
Tchou!