PS: Cherche Martine Aubry désespérément

Publié le 13 janvier 2009 par Hmoreigne

L’inquiétude a succédé aux chamailleries. Le PS s’est donné une première dame aux forceps et pourtant les socialistes ont beau chercher leur capitaine, rien. Depuis des vœux préenregistrés ratés, le son de la voix de Martine Aubry se fait remarquer par son silence. Les mises en cause multiples des libertés publiques offrent sur un plateau l’occasion de monter au créneau sans avoir de contre-propositions à formuler. Le groupe PS de l’Assemblée nationale l’a bien compris mais, le problème, c’est que la Maire de Lille n’est pas député.

Du côté des militants socialistes, on commence à trouver le temps long. François Hollande a fait ses cartons il y a maintenant deux mois mais selon certaines mauvaises langues la lumière du bureau parisien de Martine Aubry serait souvent éteinte. La Première secrétaire du PS passerait un peu trop de temps en terres lilloises où elle cumule les fonctions prenantes de Maire et de présidente de la Communauté urbaine. Selon Europe 1, Martine Aubry ne passerait physiquement que deux jours à Paris, contre cinq à Lille. Et il est vrai, que si on cherche de ses nouvelles, mieux vaut lire la presse nordiste, Nord-Eclair ou la Voix du Nord.

En un mois, la côte de popularité de Martine Aubry a chuté de sept points. La fille de Jacques Delors avait fait de la remise au travail du PS son cheval de bataille. Alors, son temps partiel rue de Solférino a du mal à passer. Il est d’autant plus incompréhensible qu’après onze années Hollande, tout est à réorganiser, dans des conditions difficiles, avec une majorité hétéroclite et une opposition Royaliste tatillonne et bien structurée.

A décharge pour l’intéressée, il est exact que sur les principaux sujets du moment elle s’est manifestée qualifiant ici le plan de relance de pas sérieux, réclamant là un cessez-le-feu à Gaza ou encore, confiant son inquiétude face aux atteintes répétées aux droits de la presse.

Pourquoi dans ces conditions n’est-elle pas audible ? En grande partie par un mauvais choix de timing et de canaux.

A l’inverse de sa concurrente Ségolène Royal, Martine Aubry doit apprendre à se plier aux contraintes des médias, à caler ses déclarations en fonction des titres de l’actualité et des horaires des journaux télévisés. Deux exemples permettent d’évaluer l’ampleur du décalage, voir de l’amateurisme ambiant.

Au plan international il aura fallu attendre le 11 janvier pour que la Première secrétaire émette le simple vœu d’un cessez-le-feu à Gaza lors d’une cérémonie …de présentation des vœux à la presse Lilloise. En politique intérieure la direction du PS a fait le choix de mettre l’accent sur l’annonce d’un contre plan de relance. Mais pas à n’importe quelle date : le 20 janvier, soit le même jour que la prise de fonction de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis ! « vous maintenez le 20 janvier ? », demandait Jean-Michel Aphatie sur RTL le 7 janvier à Martine Aubry. « Oui, je sais, c’est le jour d’Obama, a confirmé la Première secrétaire. Mais ce n’est pas grave ! ». Ségolène Royal elle, a choisi.Elle sera présente à l’investiture d’0bama.

Paradoxalement, André Vallini, le “monsieur Justice” du PS, ancien président de la commission parlementaire Outreau annonçait hier sa démission de son poste de secrétaire national à la Justice. Le président du conseil général de l’Isère (proche de François Hollande) aurait été très choqué des “remontrances” de Martine Aubry à son égard pour avoir fait ce qu’il estime être son travail. Mercredi dernier il expliquait au Monde son opposition sur la suppression du juge d’instruction mais, sans en avoir référé préalablement à la nouvelle première secrétaire du parti.

Même légitimes, les remarques de Martine Aubry apparaissent déplacées. André Vallini aurait-il du s’exprimer comme simple député de l’Isère ? Depuis la rentrée parlementaire le groupe socialiste de l’Assemblée nationale, auto-affranchi de la tutelle de Solférino, incarne une opposition enfin déterminée et organisée face à Nicolas Sarkozy. Le silence de la Première secrétaire n’en est que plus pesant.