Je suis un cut-up vivant (autour de Claude Pélieu), (note de lecture d'Alain Helissen)
Par Florence Trocmé
À la veille de Noël 2002, Claude Pélieu a fait sa dernière
pirouette, lui qui ne croyait plus au Père Noël depuis longtemps. Il laissait
de part et d’autre de l’Atlantique, des amis fidèles consternés par sa
disparition. Parmi eux, Alain Jégou a eu à cœur de projeter un ouvrage collectif
consacré à Pélieu. L’entreprise nécessita une pleine année occupée à rassembler
textes et témoignages des derniers témoins de la « constellation
Pélieu ». Il fallut aussi trouver suffisamment de souscripteurs pour
financer l’impression de ce volume redevable d’aucune aide publique – dans une
indépendance que n’eût pas désavouée Pélieu –. Le résultat est à la hauteur de
l’attente. Je suis un cut-up vivant
constitue sans doute le plus bel hommage à ce poète extravagant qui n’obtint en
France qu’une reconnaissance timide malgré le soutien de quelques éditeurs et
de poètes conquis. Fort de 282 pages l’ouvrage réunit plus de 40 participants,
auteurs, artistes, musiciens aux nationalités multiples. Témoignages, lettres,
collages, textes de Pélieu composent ce sommaire alléchant qu’il serait trop
long de détailler ici. Je suis un cut-up
vivant, un titre qui reflète parfaitement l’œuvre éclatée de Pélieu. Il
s’explique d’ailleurs, dans des notes préparatoires à un entretien avec Bruno
Sourdin, sur sa conception du « collage » : si la peinture est une plaie ouverte le collage est un pansement sur le
film de notre culture et de l’histoire. Le collagiste est un moine, un sage,
c’est l’infirmier du vide, du tout, du rien. Un moine lumineux et déviant
voyageant, immobile, entre nulle part et ailleurs. La coupure est là pour
marquer sans doute un réel insaisissable dans es émiettements, tel un puzzle
jamais rassemblé. Claude Pélieu a mené jusqu’au bout une révolte dénuée de
toute complaisance. Il a rendu à la poésie toute sa liberté, vomissant au
besoin ses lettres de noblesse. Son dernier texte, la crevaille, est offert à tout souscripteur du présent volume.
Alors, même si, de sa tombe, vous entendez Pélieu ricaner : n’achetez pas ça, c’est que des conneries,
n’en croyez pas un mot.
Contribution Alain
Helissen
Je suis un cut-up
vivant, ouvrage collectif autour de Claude Pélieu, augmenté de La crevaille, dernier manuscrit de
Claude Pélieu ; éd. L’Arganier. Contact : alain.jeg@cegetel.net