Un éditeur devrait publier le scénario de Sept vies en y ajoutant la mention suivante : « comment pourrir une idée simple et belle en la racontant de façon tarabiscotée ». Le script de Grant Nieporte (dont c'est, tiens donc, le baptême du feu) ressemble en effet à une compilation de ce qu'il ne faut pas faire tant tout semble mis en place pour passer à côté du sujet. La pire idée du film est d'avoir tenté de faire du héros un personnage énigmatique, au passé et aux motivations pour le moins troubles. Comme n'importe quel idiot a tout compris au bout de cinq minutes, la suite est quelque peu pachydermique.
Le film est à l'image de la prestation de Will Smith : raide comme la justice, pataud, et avec pour seul objectif de faire chialer la spectatrice en manque de mélodrame. Car du mélo, il y en a : des mourants, des infirmes, des traumas, de la solitude humaine, et plein de Kleenex usés par les larmes. Le tout dans une sorte d'éloge de ce type qui veut certes faire le bien autour de lui mais tient surtout à ce que tout le monde le sache. Il y a plus noble comme intention.
Heureusement que la mélancolie de certaines scènes atteint son but, et que Smith est entouré par une Rosario Dawson décidément craquante (et étonnamment sobre en cardiaque dont les jours sont comptés) et un Woody Harrelson trop peu présent mais sacrément émouvant en aveugle. Ils évitent à Sept vies de n'être que lourd et didactique mais ne peuvent empêcher ce petit film malade d'être un inénarrable gâchis, dont le semi-échec au box-office américain est aussi compréhensible que mérité.
4/10
(également publié sur Écran Large)