Parce que oui, j’ai eu un débat là-dessus il n’y a pas longtemps et que oui, je suis un geek désespéré (qui cherche tout aussi désespérément à apprendre le japonais par tous les moyens possibles, et tous les moyens sont bons quand on veut progresser, même pousser la culture geek à son paroxysme). Je vous parlais il n’y a pas bien longtemps de Omoide wa okusenman (思い出は億千万, 110 millions de mémoires en français), souvent raccourci à Okusenman (qui ne veut plus dire que 110 millions, bref). On trouve aussi souvent l’orthographe okkusenman (avec deux ‘k’), qui pour le coup ne veut rien dire (je vous rassure, je l’ai appris en faisant mes recherches ce soir, je n’en savais rien non plus).
Je vous ai expliqué qu’il s’agit d’une reprise devenue célèbre de l’excellente musique de la forteresse du docteur Wily dans Megaman 2 (ou Rockman 2 au Japon) sur NES (ou Famicom au Japon).
Le débat avec la miss en question, qui est presque aussi geek que moi, portait donc en premier lieu sur le titre de la chanson, puisqu’elle me soutenait que la chanson s’appelait Okusenman. Oui, en tant que diminutif, Okusenman est un titre valide. Un peu comme on accepte “Paint it Black” pour “Paint it, Black” (avec la virgule, donc) par exemple. Sauf que je vais faire mon connard de geek, mais des fois ça fait du bien, mais le vrai titre complet de la chanson, ça reste Omoide wa okusenman. Voilà une bonne chose de faite.
L’autre partie du débat portait en fait sur l’appartenance de la chanson à un groupe particulier. La version dont je vous ai parlé la dernière fois, outre la chanson lesbienne à laquelle vous avez eu droit dans le billet concerné, s’est faite connaître principalement sur Nico Nico Douga au Japon, ou encore sur YouTube pour le reste du monde. Mais comme vous vous en doutez, elle existait déjà bien avant. Donc j’ai mené mes petites recherches sur le Web japonais (puisque la chanson et la musique qui l’accompagne sont bel et bien d’origine japonaise).
Première chose, on m’a soutenu que l’auteur de la chanson était un groupe nommé Family CoMcert. C’est exact, c’est du moins ce que nous apprend leur site Internet. Et il se trouve que sur leur site, on peut télécharger une version instrumentale, sans parole donc, a priori la seule qu’ils aient jamais réellement composé, de Omoide wa okusenman. Intéressant, puisque ce qui nous intéresse nous, c’est la version avec le “mec qui hurle” (appelons le comme cela pour l’instant), et qui s’est rendue célèbre sur Internet.
Mais plus bas sur leur site, et c’est là que c’est intéressant, on peut également trouver un lien vers une version chantée de la reprise, et même vers les paroles de la chanson. Sauf qu’un truc cloche. Deux, en fait. Déjà, l’orchestration est complètement différente, même s’il s’agit de la même musique. Ensuite, les deux voix (oui, puisque là elles sont deux) sont complètement différentes de ce que nous connaissons jusqu’à maintenant. Alors où est l’arnaque ?
Et bien il s’agit tout simplement d’une version arrangée par un groupe qui s’appellerait Law of the West. Mes recherches m’ont menées vers un groupe anglais qui porte bien un tel nom, mais je n’ai pas vraiment pu trouver de preuve qu’ils ont bien chanté une reprise de Okusenman. Ceci dit, vu la voix et l’accent du chanteur, ça collerait parfaitement.
Bien sûr, je n’ai pas arrêté mes recherches ici, puisqu’il semblerait que notre groupe japonais ne soit pas l’auteur de la version gueularde à souhaits que nous connaissons bien, dans laquelle le chanteur donne tout comme si sa vie en dépendait. Et cette fois, c’est Nico Nico Douga qui va me répondre. Il s’agit en fait d’un japonais qui se fait appeler Gomu (ゴム), et qui est passé maître dans l’art de reprendre des versions chantées de plusieurs musiques amatrices sur Internet, puisqu’il a notamment réalisé une version chantée du medley de Nico Nico Douga (célèbre surtout au Japon). Et c’est ce même Gomu, donc, qui a réalisé la fameuse version qui circule un peu partout sur Internet, et qui a compté trois millions de pages vues sur Nico Nico Douga pour une seule vidéo, et à peu près autant en mélangeant toutes les versions disponibles sur YouTube (ça devient plus dur à compter, là, en fait). C’est lui qui chante comme une casserole, et c’est lui crache ses tripes dans un micro pour donner des versions mythiques de musiques devenues banales avec le temps.
Alors oui, je sais par avance que je vais passer pour un putain de taré avec ce message. J’assume complètement (enfin, non, pas complètement) le côté otaku de ce message et j’en tire les conclusions en me retirant définitivement de la vie de geek. J’déconne. Mais je sais que vous n’y avez pas cru, je suis trop atteint pour ça… *sigh*…
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 04 mars à 16:49
Bien joué pour cette analyse que je juge de s plus intéressante (entre geek forcément) ! Merci pour le boulot, c'est toujours bien d'avoir un truc comme ça. PS : petit commentaire 2 ans après l'article.