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Manipulation (2)

Publié le 12 janvier 2009 par Feuilly
Toujours dans cette optique de la manipulation, je reviens à la manifestation qui a eu lieu à Paris le 03 janvier2009. Il s’agissait clairement de dénoncer l’attaque israélienne sur Gaza. Des militants de gauche étaient présents, ainsi que des associations laïques. Parmi la population immigrée, on retrouvait des personnes ayant dû fuir l’Algérie à au cause de l‘islamisme radical. C’est ainsi qu’étaient présentes des femmes, à qui les islamistes avaient reproché là-bas le fait qu’elles aient pu faire des études ou encore le fait qu’elles veuillent travailler. Elles ont choisi l’exil en Europe. Comme tout le monde, elles sont indignées par la situation à Gaza et elles manifestent pour le dire.
Malheureusement, la manifestation s’est vite transformée en une critique virulente d’Israël (ce qu’on peut comprendre), mais surtout en une déferlante islamique. Beaucoup de personnes se sont senties piégées : les représentations laïques, bien sûr, mais aussi toutes ces femmes arabes qui ont dû fuir leur pays à cause de l’intégrisme.
Et là est tout le problème : peut-on rester sans dénoncer ce qui se passe à Gaza ? Non, bien sûr, conserver le silence dans un tel contexte serait coupable. Faut-il manifester ? Pourquoi pas ? Mais si manifester revient à répandre à son tour la haine par des propos incendiaires et faire indirectement l’apologie du Hamas, qui quelque part récupère la manifestation à son profit, il y a un problème.
Dans un tel contexte, on se doute que les Juifs de la diaspora qui auraient peut-être pu manifester aussi contre les bombardements décidés par Israël (du moins certains d’entre eux) vont se faire rares dans les manifestations suivantes ou en tout cas vont s’y sentir pour le moins fort peu à l’aise. Pourtant, leur présence à de telles manifestations n’auraient-elles pas plus d’impact auprès du gouvernement israélien que celle des Français ou des musulmans ? Dans une situation comme celle-ci, il faut se montrer pragmatiques et efficaces. Or le danger est d’attiser la haine à son tour. On ne dénonce plus l’attitude criminelle d’un gouvernement, on crie sa haine des Juifs, ce qui est déjà autre chose. Ensuite on affiche un islamisme militant en brûlant quelques voitures, ce qui ne fait qu’apeurer la population française, qui, alors qu’elle est globalement opposée aux frappes de Gaza, va bientôt craindre une extension du conflit dans l’Hexagone.
Maintenant, qui étaient ces casseurs ? Des jeunes irresponsables ? Des casseurs professionnels, pour qui toutes les occasions sont bonnes ? Des gens manipulés qui ne se rendent pas compte qu’en agissant de la sorte ils desservent leur propre cause ? De véritables intégristes qui essaient de mettre le feu aux poudres et d’internationaliser le conflit ? Difficile à dire et chacun, selon son opinion ou sa sensibilité, jugera dans un sens ou dans un autre. En fait, ce qui compte, ce n’est pas ce qui s’est réellement passé, mais la manière dont cela a été perçu par le public.
Quant au Hamas lui-même comment faut-il le voir ? Une organisation terroriste qui s’est emparée du pouvoir et qui profite du malheur des Palestiniens pour étendre sa cause ? Ou bien comme un groupement combattant qui a compris que la négociation pacifique n’aboutirait jamais à rien et qui a décidé de prendre les armes après s’être fait élire démocratiquement ?
Le seule chose dont on soit vraiment certain, ce sont ces enfants, ces jeunes, ces femmes, ces parents qui meurent à Gaza. Ce sont ces nouvelles armes que l’on essaie et qui sectionnent les membres ou brûlent atrocement. Ce sont ces enfants que la croix rouge a retrouvés, hagards, à côté des corps de leurs parents morts depuis deux jours.
Mais brandir ces images, c’est encore faire le jeu de la haine, c’est favoriser la guerre des civilisations si chère à Bush, c’est préparer la vengeance qui va suivre. D’un autre côté, taire ces images, c’est se rendre complices, c’est approuver le massacre par son silence. Et puis comment pourrait-on cacher de telles atrocités ?
Le risque, pourtant, c’est de voir la violence gagner l’Europe. On commence à vouloir incendier des synagogues, bientôt on s’en prendra aux personnes, cela renforcera le sentiment d’insécurité que les Juifs gardent ancrés en eux depuis toujours, ce qui amènera de leur part à de nouvelles mesures de protection, puis d’agression. Une fois que le sang a coulé, il ne s’arrête plus de couler.

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