Carl est un employé de banque dont l'existence est rongée par le quotidien, les films loués à regarder seul le soir, les excuses vaseuses pour éviter à tout prix d'aller à la fête merdique organisée par le bon copain, bref, par un ennui généralisé.
Jusqu'au jour où Carl croise une de ses connaissances, qui lui explique avoir adhéré à un programme qui consiste à dire Oui à tout, y compris à ce qui semble fou; après avoir pété une vitre de la banque en jetant une pierre dessus et s'être enfui en riant pour échapper aux gardes qui le poursuivaient, l'ami de Carl disparaît, le laissant seul et perplexe sur ce mode de vie.
Carl décide d'en apprendre un peu plus, et se rend à l'une des réunions organisées par l'homme qui est à l'origine de la méthode Oui. La scène de la réunion est grandiose; Carl se retrouve parachuté dans une sorte de grande secte du Oui, totalement flippante, présidée par un grand gourou avec un regard et un aplomb de tueur en série. Malgré tout, emporté par l'engouement des centaines de personnes présentes dans la salles (et qui semblent tout à fait incapables de penser par elles-mêmes, tels des boeufs aux yeux écarquillés meuglant ce qu'on leur demande de meugler), Carl accepte de prendre un engagement et accepte de dire dorénavant Oui à toutes les questions qui lui seront posées.
A partir de là, d'un point de vue éthique, le film est d'une ambigüité tellement appuyée qu'elle en est presque indécente: exécuter sans broncher tout ce qui nous est demandé, même si l'on n'a pas envie de le faire? Juste par principe? C'est complètement idiot, il faut bien l'avouer, d'autant que certaines scènes du film - une en particulier - sont assez trash. Les limites de la méthode Oui s'atteignent très, trop facilement, et les dérapages sont incontrôlables.
Quoiqu'il en soit, suivant sa nouvelle façon de vivre à la lettre, Carl se découvre un côté aventurier qui lui plaît énormément: il s'inscrit à des cours de coréen, à des cours de guitare, il se lance dans le photo-jogging (faire des photos tout en joggant...), et accepte toutes les demandes de crédit des clients de la banque dans laquelle il travaille.
De fil en aiguille, Carl va se retrouver pris dans des concours de circonstances, tantôt positifs, tantôt négatifs, directement liés à la méthode Oui; ainsi, après avoir accepté (un peu à contre-coeur) de raccompagner un SDF chez lui en voiture, lui avoir prêté son téléphone portable et lui avoir donné la totalité de l'argent liquide qu'il possédait sur lui, Carl se retrouve en panne sèche, sans moyen de communication, et sans un rond en poche. C'est à une station essence, un peu plus loin, qu'il rencontre une jeune femme qui va changer sa vie.
En faisant preuve d'une logique caduque et aléatoire, Carl s'imagine que cette rencontre est un signe du destin qui le récompense pour ses nombreux Oui. Dès lors, il décide d'adhérer totalement au programme.
Le film Yes Man est ambigu sur plusieurs points, et offre une multitude d'interprétations possibles, tout aussi extrêmes les unes que les autres. Que doit-on tirer de ce film? Que le Oui a un pouvoir positif absolu? Que faire des choses que l'on ne voulait pas faire peut aussi avoir des bons côtés, alors allons-y hauts les coeurs?
Je me permets de douter, et pas qu'un peu s'il-vous-plaît, sur le message diffusé par le film. Trop vague, trop absolu, trop... trop. Ou pas assez nuancé, au choix. Les dernières scènes du film dissipent un peu les doutes, heureusement, mais le bilan général est affreusement mitigé.
L'un des points (très) forts du film reste bien entendu la prestation de Jim Carrey, qui oscille à la perfection entre humour appuyé et sincérité sérieuse. Le personnage de Carl est fort bien écrit, de sorte qu'on y croit dur comme fer, même lorsqu'il agit inconsidérément avec sa méthode foireuse.
Mais pour être honnête... ce film est loin d'avoir remporté un gros Oui! de ma part.