Magazine

La tendance du marché de l’emploi dans le secteur Banque, Finance, Assurance

Publié le 19 novembre 2008 par Kristobal @kristoguy

A l’heure où la crise financière touche une grande partie de l’économie française, il est bien légitime de se demander quel a été - et est encore - son impact sur des secteurs aussi sensibles et exposés que ceux de la Banque, de la Finance ou de l’Assurance.

Pour obtenir les informations les plus complètes, nous avons choisi d’interroger Monsieur Jean-Paul Brette, directeur général en charge du secteur Banque/Finance/Assurance chez Hudson, un des leaders mondiaux du conseil en recrutement et en ressources humaines (Talent Management), présent dans 28 pays et comptant 1 800 collaborateurs en Europe dont 200 en France.

Conseil en recrutement et en Talent Management dans le monde de la Banque, de la Finance et de l’Assurance, vous êtes aux premières loges pour évaluer l’impact de la crise actuelle.

Jean-Paul Brette : En effet, Hudson possède deux divisions complémentaires : conseil en recrutement et conseil en ressources humaines. Le recrutement concerne les fonctions de cadre, du collaborateur avec une première expérience au cadre dirigeant, dans des domaines très variés. Le Talent Management a pour objet de favoriser le développement des ressources humaines au sein des entreprises; pour cela, nous proposons des prestations allant de l’évaluation des compétences individuelles à l’accompagnement et la gestion de carrière en passant par la gestion des compétences et l’outillage des politiques RH. Tous ces projets nous mettent nécessairement en étroit contact avec les professions touchées par la crise actuelle.

Justement, comment se portent ces domaines de la Banque, et de l’Assurance ?

J-P. B. : Le secteur de l’assurance se porte jusqu’à maintenant plutôt bien. C’est un secteur en développement car il concerne la protection des hommes et des biens. Il est de ce fait lié à la santé, au vieillissement de la population et aux désirs d’accession aux soins et au logement. Personne ne peut aujourd’hui se passer d’assurances. De plus, les compagnies d’assurances peuvent trouver des relais de développement dans les pays émergents : c’est pour elles un marché d’avenir au potentiel énorme.

Donc, l’assurance est un secteur qui recrute ?

J-P. B : L’assurance est un corps de métier particulier: elle utilise fréquemment les services de courtiers qui ne font pas partie de la main d’œuvre propre au groupe. Cependant, il est nécessaire de recruter du personnel au siège pour créer, développer et gérer les produits qui sont mis sur le marché, produits sans cesse renouvelés et adaptés à la demande. Les recrutements concernent donc les métiers du marketing (création de produits), du commerce (animation d’équipes de vente) mais également celui du poste très technique d’actuaire, personne chargée de réaliser des études économiques dans le but de mettre au point ou de modifier des contrats d’assurance ; il évalue également les coûts et les risques et fixe, en conséquent, les tarifs des cotisations. Ce poste est actuellement en tension, c'est-à-dire qu’il y a plus de postes proposés que de candidats. Il nécessite une formation particulière –école d’actuariat, formation mathématique, statistique et économique.

Les assurances sont donc peu impactées par la crise ?

J-P. B : Oui, elles le sont moins. Pour être plus précis, les compagnies « vie » devraient être plus touchées que les compagnies « dommage » mais la plupart ont les deux activités. Dans les deux cas, le risque est une réduction de l’activité, liée à une moindre collecte d’assurance vie ou à des fermetures de PME qui impacterait l’activité dommage.

Le secteur bancaire semble lui plus exposé.

J-P. B : C’est certain ! Rappelons tout d’abord que le secteur bancaire est composé de plusieurs branches : la banque de détail (celle qui a pignon sur rue sous forme d’agences), la banque de financement et d’investissement (BFI), la gestion d’actifs (Asset Management) et enfin, la banque privée. Dans l’ensemble, le secteur bancaire recrute moins mais il serait faux de dire qu’il ne recrute plus. Certaines branches connaissent plus de difficultés mais d’autres s’en sortent correctement.

Pour lesquelles de ces branches la situation est-elle la plus tendue ?

J-P. B : C’est la BFI qui a été le plus impactée par la crise. Il y a beaucoup moins de recrutement dans les métiers de front-office (structuration, trading, vente) mais davantage dans ceux de la gestion des risques et du contrôle : il y a donc baisse mais pas arrêt complet car ce secteur est en perpétuel mouvement : il épouse les fluctuations du marché. De la même façon, les métiers de Financement sont moins dynamiques mais des possibilités existent car les besoins en financement restent d’actualité et des nouveaux métiers se développent

La banque de détail est, quant à elle, moins touchée ?

J-P. B : La banque de détail telle qu’on la connaît s’est développée dans les années 70 et il y a eu, à cette période, une énorme vague de recrutement. Aujourd’hui, ces employés sont en passe de partir à la retraite et donc il est nécessaire de les remplacer : des recrutements en perspective ! Par ailleurs, la mise sur le marché de nouveaux services pour la clientèle –multimédia par exemple- nécessite la création de nouveaux postes (conseillers multimédias) avec des compétences spécifiques (aisance téléphonique, goût pour les nouvelles technologies, sens commercial aigu…). Les grandes Banques, Société Générale et BNP Paribas, entre autres, se sont lancées dans des campagnes de recrutement importantes cet été et à la rentrée.

Quels profils sont recherchés pour ces futurs collaborateurs ?

J-P. B : Principalement des conseillers clientèle et des commerciaux, débutants ou non, de niveau bac + 2 ou 3 et éventuellement issus de formation en alternance. Les banques recrutent également des jeunes diplômés de niveau bac+5 sans expérience du secteur pour occuper des fonctions commerciales sur le marché des entreprises ou des professionnels. Dans tous les cas, il n’y a d’exigence particulière qu’en fonction du profil de la banque : parler anglais si l’on postule chez HSBC ou Barclay’s, c’est mieux !

Peut-on conclure en envisageant un avenir serein ?

J-P. B : Il est difficile d’envisager l’avenir car la crise n’a pas encore fini de dévoiler ses dessous. Mais on constate, dès à présent que le mirage des activités de marché s’estompe un peu aux yeux des jeunes diplômés : d’ailleurs les formations de la banque et de la finance sont moins demandées. D’autre part, les collaborateurs en poste sont un peu plus frileux et hésitent à changer de poste ou d’entreprise, en attendant une période plus sûre. Cependant, il est très important de noter que les entreprises essaient au maximum de laisser ouvertes les mannes du recrutement pour maintenir la dynamique qui les avait portées les années précédentes. Si elles interrompaient nettement leurs activités de recrutement, elles ne seraient pas en état de rebondir dès que la crise serait apaisée. Et les acteurs de ces domaines doivent être réactifs pour être performants !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kristobal 23 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte