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Il y a 10 ans… l'ANPE

Publié le 21 novembre 2008 par Kristobal @kristoguy

En 10 ans, bien des choses ont changé dans la recherche d’emploi ; les nouvelles technologies, chaque année plus performantes, ont facilité la diffusion des offres et la gestion des candidatures. A l’ANPE, bien d’autres techniques ont vu le jour et de nouvelles méthodes de travail ont été mises en place. Madame Evelyne Massa, animatrice d’équipe professionnelle à l’ANPE de Versailles a dressé pour nous, un bilan des 10 dernières années.

Depuis 10 ans, le fonctionnement de l’ANPE a bien changé. Quels sont les points les plus intéressants qui ont été mis en place ?

Evelyne Massa : Tout d’abord, le Suivi Mensuel Personnalisé. Instauré en 2005, le Suivi Mensuel Personnalisé est un rendez-vous mensuel organisé entre un conseiller ANPE référent et le demandeur d’emploi. Le but de cette rencontre est de proposer un certain nombre d’actions à mettre en place dans le but de favoriser le retour à l’emploi des demandeurs. Il s’agit d’un réel engagement entre les deux interlocuteurs : le demandeur s’engage à mettre en oeuvre les stratégies proposées par son conseiller et ce dernier s’engage, de la même façon à rechercher les meilleures stratégies susceptibles de convenir au demandeur d’emploi. A chaque rencontre, un bilan du mois écoulé est dressé, détaillant les actions menées et les raisons pour lesquelles certaines ont été abandonnées. Puis, le candidat et son conseiller réévaluent les besoins et dressent un nouveau plan d’action.

De nouveaux outils vous permettent également de travailler plus efficacement.

E. M : Oui et particulièrement, une base de données appelée « Mon marché du travail », qui présente, pour chaque métier, le nombre d’offres déposées en agences – dites offres à marché ouvert, mais également le nombre d’offres non déposées en agences – dites offres à marché fermé. Celles-ci ne sont lisibles que par le biais des réseaux, des candidatures spontanées, de la cooptation… Cela nous permet, lors du Suivi Mensuel Personnalisé, d’adapter la liste des actions à mener. Pour une personne recherchant un emploi dans un secteur qui répartit ses emploi à 50% sur le marché ouvert et à 50% sur le marché fermé, il convient de partager les tâches : 50% du temps en réponses d’annonces et entretien – marché ouvert et 50% en activation de réseau, enquêtes… pour accéder au marché fermé. Il y a donc une véritable stratégie que le demandeur met en place avec son conseiller grâce aux données fournies par cet outil.

La démarche des conseillers a elle aussi changé en 10 ans !

E. M : Oui, aujourd’hui, le conseiller est formé à des techniques commerciales et de négociation : il doit aller rencontrer des entreprises et les encourager à rendre visibles les offres qui appartiennent au marché caché. Auparavant, l’ANPE devait satisfaire les entreprises en affichant leurs offres et satisfaire les demandeurs, en les plaçant. Le problème était l’inadéquation fréquente entre les profils des demandeurs et les besoins de l’entreprise. Pour trouver une solution à cette difficulté, nous bénéficions du ROC : Recherche d’Offres Ciblées. Cet outil offre aux conseillers des méthodes de travail pour trouver, dans la nomenclature des entreprises, les profils les plus recherchés. Les conseillers peuvent, suite à cette recherche, segmenter leur portefeuille et promouvoir, auprès des entreprises, les profils qu’ils gèrent. Aujourd’hui les conseillers sont formés à la recherche active d’offres d’emploi correspondant au portefeuille de demandeurs qu’ils gèrent.

Les conseillers sont également à l’écoute des entreprises ?

E. M : En effet, et cela est un point très important : L’ANPE doit entendre les besoins des entreprises, notamment ceux des entreprises évoluant dans des secteurs en tension – c'est-à-dire, qui proposent plus de postes qu’il n’y a de candidats. Pour les entreprises de ces secteurs, comme le bâtiment ou l’hôtellerie, le conseiller ANPE doit encourager les demandeurs sans projet professionnel précis, ou prêts à une reconversion, à se former pour pouvoir intégrer les entreprises qui recrutent.

Votre agence de Versailles propose une stratégie nouvelle et efficace. Pouvez-vous nous le présenter ?

E. M : Il s’agit d’une plate-forme Cap vers l’entreprise. Ces groupes de travail, encore expérimentaux, ont été lancés en 2007. Ce sont des structures destinées aux demandeurs d’emploi les plus en difficulté dans leur capacité à mener à bien leur recherche d’emploi. Ces demandeurs ont un projet nettement dessiné, ils sont en capacité d’exercer un métier, mais ils manquent soit de méthode dans leur recherche, soit de motivation ; enfin, certains souffrent d’un sentiment de démotivation et de perte d’estime de soi. L’objectif poursuivi par les conseillers des plates-formes Cap vers l’entreprise est de proposer un retour à l’emploi dans les 6 mois après l’inscription du demandeur. Ces conseillers bénéficient d’un portefeuille restreint d’une soixantaine de demandeurs en moyenne.

Comme pour les suivis mensuels, les deux parties s’engagent ?

E. M : Encore plus, car toute la recherche est accélérée. Les rendez-vous se font à la fréquence d’une fois par semaine et les deux parties s’engagent suivant une charte d’adhésion à avoir un certain nombre de contacts et/ou d’entretiens pour le demandeur et à proposer des possibilités concrètes de recrutement de la part du conseiller. L’intérêt de cette méthode de travail est que, si les résultats sont obligatoires, les conseillers bénéficient d’une liberté dans la mise en œuvre de leurs actions. Cette autonomie est favorable à l’activité et à la motivation des deux parties.

Et vous, à Versailles, quels moyens avez-vous choisis ?

E. M : Sur notre plate-forme, nous avons opté pour le travail d’enquête : nous demandons à tous nos « adhérents » de prospecter sur l’évolution de leur propre métier. Cela leur permet d’avoir une vue actualisée sur un métier qu’ils ont parfois cessé d’exercer plusieurs années auparavant. Pour cela, ils se rendent dans les entreprises où ils rencontrent principalement une personne qui occupe le poste qu’ils espèrent décrocher et le DRH. Il ne s’agit nullement d’entretien d’embauche mais bien d’une enquête sur le positionnement du métier dans le secteur. Au cours de cette enquête, le demandeur obtient de précieux renseignements : les points positifs et négatifs du poste convoité, les méthodes grâce auquel le collaborateur a obtenu ce poste, les perspectives d’avenir, les attentes du DRH, quelles sont, à ses yeux, les qualités requises, et l’avenir de la fonction. Cela permet au demandeur de se positionner sur le type de poste qu’il souhaite obtenir et de valider ses critères : zone géographique, fonctions, salaire…

Et ce travail mène à une nouvelle forme de candidature ?

E. M : Oui, et c’est tout à fait intéressant. A Versailles, nous avons envisagé, à plus ou moins long terme, la mort du CV ! Les entrepreneurs déclarent presque tous à l’unisson qu’ils sont lassés par la réception de trop de CV plus ou moins formatés et souvent en inadéquation avec la réalité et les besoins de leur société. Nous proposons, suite à l’enquête menée par nos demandeurs, de les aider à créer une offre de service qui se présente sur le modèle d’échange de services : « suite à mon enquête dans plusieurs entreprises du secteur, j’ai noté que les besoins étaient les suivants…, je vous propose mes services car je suis qualifié dans tel et tel domaine. » Ce type de travail, encore expérimental est très bien perçu au sein de notre plate-forme d’autant que nous avons proposé à certains de nos demandeurs spécialisés dans les métiers de la communication, de contribuer, par leurs compétences, à l’élaboration de l’enquête. Cette mutualisation des savoirs est très bénéfique pour l’état d’esprit du groupe de travail.

Il semble en effet qu’une ambiance positive de travail règne sur les plates-formes Cap vers l’Entreprise.

E. M : Cela fait partie des nouvelles orientations : pour permettre à nos adhérents d’être les plus efficaces dans leur recherche d’emploi, nous proposons des formations « orientation/solution ». Leur philosophie est de persuader le demandeur qu’il possède en lui les ressources qui vont lui permettre d’avancer ; il s’agit de l’aider à les mobiliser en mettant toujours en avant les aspects positifs et en refusant le défaitisme et le pessimisme : c’est donc un état d’esprit que nous cherchons à insuffler ; ne pas cristalliser ses échecs, renforcer l’estime de soi et se tourner vers les solutions !


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