Article réalisé par Jean Matouk (Economiste) pour Rue 89
Nos nouveaux féodaux ne se sont pas seulement entre-attribués des privilèges financiers. Salaires en euro équivalents à ceux en francs dès la même année, bonis, parachutes dorés, stock options…
Ils ont aussi inventé les rachats d’actions par la société qu’ils dirigent.
- Quels peuvent en être les motifs?
Dans certains cas, il s’agit simplement de “sortir” la société de la Bourse, faire en sorte qu’elle ne soit plus cotée, et éviter ainsi toutes les formalités, effectivement lourdes, pour les plus petites entreprises boursières. Elles pratiquent ces rachats d’actions quand un faible montant de leur capital seulement était en Bourse. Rien à dire sur ces rachats-là.
- Racheter des actions pour faire des cadeaux aux actionnaires(…)
- Une bonne vague de licenciement pour restaurer la marge
En France, en 2007, les sociétés du CAC 40 ont ainsi consacré 19 milliards d’euros au rachat de leurs propres actions. Arcelor Mittal a ainsi racheté pour 2,6 milliards d’euros, 8,5% de son capital, Sanofi-Aventis 2% pour 1,787 milliard d’euros, ACCOR 8,5% pour 1,24 milliard d’euros, Vinci 3,6% pour 937 millions.
(…)
- La Bourse n’est par là pour permettre des plus-values
L’écart, c’est la prime de risque qui leur est due, parce qu’ils risquent leur capital. Disons qu’aujourd’hui, un dividende moyen de 6% ou 7% sur le placement paraît normal. Ensuite, le prix de l’action évolue “autour” de la valeur réelle de l’entreprise. Le concept de “valeur pour l’actionnaire” qui considère la plus-value comme faisant partie de la rémunération normale de l’actionnaire doit être proscrit des coutumes du management.
La Bourse n’est pas là pour permettre des plus-values mais pour permettre, à celui qui désire disposer de liquidités, de revendre ses titres. Avec une plus-value ou une moins-value! Tel est le risque!
Alors seront déjà, en partie, déracinés les fondements des stock-options délirantes, des boni infondés, et des rachats d’actions par endettement, par lesquels les dirigeants capitalistes des années 2000 ont sapé les bases mêmes du système qui les faisait très bien vivre, mais fait surtout porter le poids de leurs erreurs aux salariés les plus humbles.