La sagesse des mythes; Luc Ferry

Par Sylvielectures
C’est sans avoir lu le tome 1 que j’ai découvert le second volume de cette série intitulée « apprendre à vivre » et qui doit en comporter 5.
On me l’a offert avec discernement puisque je m’intéresse d’assez près depuis un petit bout de temps à la mythologie grecque et en particulier à L’Odyssée…

C’est donc avec curiosité et plaisir que je me suis lancée dans la lecture de ce gros volume d’un genre hybride, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Je me suis sentie tout à fait à l’aise et pleine d’enthousiasme en lisant l’avant propos, et notamment cet extrait
:« Commençons par l'essentiel : quel est le sens profond des mythes grecs et pourquoi faudrait-il aujourd'hui encore, aujourd'hui plus que jamais peut-être, s'y intéresser ? La réponse se trouve à mes yeux dans un passage d'une des œuvres les plus connues et les plus anciennes de la langue grecque, l'Odyssée d'Homère. On y mesure d'emblée à quel point la mythologie n'est pas ce qu'on croit si souvent de nos jours, une collection de «contes et légendes», une série d'historiettes plus ou moins fantasmagoriques dont le but serait seulement de distraire. Loin de se réduire à un divertissement littéraire, elle constitue en vérité le cœur de la sagesse antique, l'origine première de ce que la grande tradition de la philosophie grecque va bientôt développer sous une forme conceptuelle en vue de définir les contours d'une vie réussie pour les mortels que nous sommes.
Laissons-nous un instant porter par le fil de cette histoire que j'évoque ici à grands traits, mais sur laquelle, bien sûr, nous aurons plus tard l'occasion de revenir.
Après dix longues années passées hors de chez lui à combattre les Troyens, Ulysse, le héros grec par excellence, vient de remporter la victoire par la ruse - en l'occurrence grâce au fameux cheval de bois qu'il a abandonné sur la plage, près des remparts de la ville. Ce sont les Troyens eux-mêmes qui l'introduisent dans leur cité, autrement imprenable par les Grecs. Ils s'imaginent qu'il s'agit d'une offrande aux dieux alors que c'est une machine de guerre dont les flancs sont remplis de soldats. La nuit venue, les guerriers grecs sortent du ventre de l'imposante statue et massacrent, jusqu'au dernier ou presque, les Troyens endormis. C'est un atroce carnage, un pillage sans merci, si effroyable qu'il suscite même la colère des dieux. Mais au moins, la guerre est terminée et Ulysse cherche à rentrer chez lui, à retrouver Ithaque, son île, sa femme, Pénélope, et son fils, Télémaque, bref, à rejoindre sa place dans sa famille comme au sein de son royaume. On peut déjà remarquer qu'avant de s'achever dans l'harmonie, dans la réconciliation paisible avec le monde tel qu'il est, la vie d'Ulysse commence, à l'image de l'univers tout entier, par le chaos. La terrible guerre à laquelle il vient de prendre part et qui l'a forcé à quitter contre son gré le «lieu naturel» qu'il occupait auprès des siens, se déroule sous l'égide d'Eris, la déesse de la discorde. C'est à cause d'elle que l'inimitié entre Grecs et Troyens s'installe - et c'est à partir de ce conflit initial que l'itinéraire du héros doit être mis en perspective si l'on veut en saisir la signification en termes de sagesse de vie. »

Luc Ferry nous raconte les grands mythes grecs par le menu en s’adressant à ses filles. Tout au long de son propos, il nous dit tu, prenant tantôt des airs de conteur, tantôt des postures de professeur pour nous ressituer ces histoires dans l’histoire en citant les textes sources, en expliquant leur genèse et leur mystère.

Ce faisant, il fait œuvresans conteste de pédagogie. Il rend accessibles et passionnants ces récits en nous divulguant de-ci, de là, au détour des histoires, quelques réflexions sur les leçons de vie qu’elles recèlent.

L’auteur explique et tente de montrer comment la philosophie grecque peut être une sorte de sécularisation de cette mythologie créée pour expliquer l’univers aux mortels et faire en sorte qu’ils y trouvent une place acceptable.
Ces textes proposent aux mortels que nous sommes une quête spirituelle laïque. Ici, point de salut hors la vie d’homme,
l’immortalité étant strictement réservée aux dieux de l’Olympe et n’étant pas forcément enviable.

Si j’ai lu ce livre avec un certain plaisir, je dois avouer malgré tout que j’y ai trouvéquelques passages répétitifs et quelques peu rébarbatifs. La position qui se veut absolument fidèle aux textes anciens est en soi louable et indéniablement intéressante, mais trop souvent mise en avant à mon goût.

L’auteur en profite fréquemment pour dénigrer certaines œuvres devulgarisation pour la jeunesse, (en ne les citant jamais !), mais en les mentionnant sous le terme générique de « contes et légendes » et en les qualifiant de réductrices…
Je ne partage pas ce point de vue, et je n’ai pas apprécié la manière d’en parler assez floue, englobant tout dans un ensemble qui serait médiocre voire dommageable…
Je pense qu’il y a de belles et bonnes adaptations pour la jeunesse qui racontent ces histoires avec talent et avec art…

Je conseillerai malgré tout la lecture de cet ouvrage à mes enfants ;)

La présentation de l’éditeur,

Une conférence débat autour du livre sur coin philo de lycée de Sèvres

Un article de Juliette Rabat sur nonfiction.fr

Jean François Fournel en parle dans La Croix, avec des interviews de l’auteur en vidéos

Marc Lambron en parle aussi pour Le Point

Un entretien avec Laure Joanin dans Le Midi-Libre

Gen fulmine dans son billet : « luc Ferry découvre les grecs »

Françoise Janet le conseille

C’est un livre indispensable pour Christophe

Il a bien plu a keisha qui l'a lu grâce à Babelio:)