Avant de quitter la Maison-Blanche, le Président George W. Bush et ses services auront eu un ultime heurt avec le pouvoir sénégalais. En cause, le soutien bruyant apporté par Dakar aux putschistes de Conakry au lendemain du décčs de Lansana Conté. Le Général président a été trčs vite remplacé ŕ la tęte de la Guinée par une junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Ce scénario d’accession au pouvoir a fortement déplu aux Etats-Unis qui, dans la foulée des condamnations quasi unanimes du coup d’Etat, ont été particuličrement irrités par la position de Me Wade.
C’est ainsi que Jay Smith, Premier conseiller de l’Ambassade américaine ŕ Dakar, a dans un premier temps interpellé, la semaine derničre, le Dr Cheikh Tidiane Gadio, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangčres. Selon des informations que Le Quotidien s’est procurées, le diplomate américain voulait savoir si le Sénégal maintenait encore sa démarche d’appui politique aux militaires guinéens. C’est aprčs avoir «pris acte» des explications fournies par Gadio que Jay Smith a pris soin, ainsi que le veulent les usages diplomatiques, de rendre compte ŕ Washington.
Briefé par voie officielle, le Département d’Etat a pris alors l’initiative de faire parvenir une correspondance au Président Abdoulaye Wade afin de lui exprimer sa surprise et son incompréhension devant ses positions réitérées sur la situation en Guinée. Autant l’entretien de Jay Smith avec Cheikh Tidiane Gadio que le courrier adressé au chef de l’Etat qui s’en est suivi ont été confirmés au Quotidien par Kathryn Diop, l’Attachée de presse de la mission diplomatique américaine ŕ Dakar. Elle n’a cependant pas souhaité dévoiler le contenu du message en question. Selon elle, il appartient ŕ la partie sénégalaise de juger de l’opportunité d’en rendre public ou pas le contenu.
Mais selon nos informations, les Etats-Unis ont fait savoir ŕ Me Wade que tous les Etats souverains et démocratiques devraient exiger le respect des principes démocratiques notamment en ce qui concerne l’accession au pouvoir. A cet effet, ils disent ne pas comprendre pourquoi Me Wade ne défend pas ce principe universel, estimant au passage qu’il est malvenu d’encourager des méthodes qui dérogent aux bonnes pratiques de la gouvernance politique.
Dans tous les cas, le Département d’Etat américain dit avoir pris bonne note de la position du Sénégal. Une formule diplomatique qui n’est pas dépourvue de signification męme si notre pays peut arguer, avec justesse, de son statut d’Etat indépendant et libre dans sa lecture et son appréciation des questions internationales qui interpellent sa diplomatie.
En marge du Sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui s’est tenu en fin de semaine ŕ Abuja et auquel il n’a pas pris part, le Président Abdoulaye Wade a réaffirmé son soutien ŕ la junte militaro-civile qui gouverne la Guinée en transition. Il a aussi confirmé sa conviction qu’aprčs la mort de Conté, il n’y a pas eu de coup d’Etat.