Un rappel historique s’impose : quand on décide d’installer la « colonie » à Bourbon, le roi Louis XIV est au commande en France et la Sainte Eglise Catholique puissante.
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Mots-clés
- histoire
- identité
- religion
Pas question alors, de laisser les colons à la dérive : un prêtre évangélisateur aura mission de (re)mettre nos colons dans « le droit chemin » : celui de l’Eglise catholique, dès création d’une nouvelle commune. Si les débuts ont été difficiles, l’arrivée de l’esclavage a durci les exigences : baptisé sur le lieu de traite, et rebaptisé à son arrivée sur l’île, de peur que ce fût mal fait, la messe était obligatoire tous les dimanches avec amende au colon qui aurait « oublié » d’emmener ses esclaves dans le lieu sacré…l’esclave devait donc renier sa pratique quand il en avait une au profit du catholicisme. En 1848, dans les textes, la liberté de culte est autorisée. Dans la réalité, la pression est forte pour que les engagés africains, indiens et chinois choisissent le catholicisme… d’où quelques rares cérémonies et construction de temples sommaires quand le colon est tolérant. Au Xxe siècle, avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, mosquées, temples chinois et tamouls poussent comme des champignons car chacun est enfin libre de sa pratique. Pourtant les pressions catholiques restent fortes associant bien souvent les cérémonies tamoules à de la sorcellerie qu’il faut absolument fuir. Après faute de liberté avoir pratiqué le synchrétisme (assimilation fréquente de ST EXPEDIT à leur déesse KARLI par les malbars) durant l’Engagisme car ils n’avaient pas de véritable choix, voilà que nos malbars pratiquent la « double religion » : en fait parce que dans la bonne société créole il était de bon ton d’être catholique et d’aller à la messe.. mais on ne pouvait désormais nier parallèlement son attachement identitaire à la religion hindoue.
Il n’est encore aujourd’hui pas rare que nos malbars aillent à la messe tout en pratiquant rituels et cérémonies tamoules. J’en connais qui m’affirment très sérieusement : « ça lé le mêm bondie :krishna ça lé le Christ, Mariamen çà lé Marie » s’appuyant sur l’homonymie de noms. Au fond, pourquoi pas, si cela permet à nos communautés de s’accepter dans leur différence à l’heure où toutes les religions affirment la prédominance d’un seul et même DIEU (sous différentes facettes pour les Chrétiens et malbars)
Choisissons parmi celles-ci, celle avec laquelle nous sommes le plus en phase mais surtout respectons- nous dans nos différences dans un Amour inconditionnel à l’heure où on dénombre plus de 25 pratiques cultuelles différentes sur ce caillou de seulement 200 km de circonférence. C’est notre objectif le plus précieux, à préserver absolument si l’on veut mériter de continuer à s’appeler « île de la REUNION. »
Patrice LOUAISEL
« Les Amis de ‘l’Histoire »
patrice.louaisel@orange.fr