Mahommet, les Danois, Arcelor et Villepin...

C’est désormais une chose certaine : Dieu a plus d’humour que ceux qui prétendent s’exprimer en son nom.
La dernière affaire danoise en atteste : il ne fait pas bon caricaturer l’islam de nos jours.
Pour un peu, on aurait honte de prôner la liberté d’expression au sein de pays laïcs, comme si s’affranchir de toute tutelle religieuse était devenu une provocation.
D’accord, nous avons remplacé icônes et idoles par un système économique parfois encore plus violent et despotique, mais il n’empêche que la situation semble parfois ubuesque. Qu’un consortium indien s’intéresse d’un peu trop près au fleuron de la sidérurgie française, et c’est la levée de boucliers !
Il faut dire que, là encore, les termes employés par les médias sont inquiétants : de « l’OPA hostile » en passant par le « prédateur indien », on finirait presque par se demander si les guerres économiques ne seraient pas aussi meurtrières que celles de religion. Avec, une fois de plus, un cortège de commentaires de la part de personnes a priori non habilitées à s’exprimer sur le sujet… Que le libre jeu d’un système économique contestable entraîne des conséquences néfastes pour l’emploi et le bien-être de centaines de milliers de personnes n’a rien de nouveau. Mais que l’État, qui n’est pas actionnaire d’Arcelor, cherche à faire pression sur Mittal Steel, relève de la même logique inconséquente que celle de ces ultra-religieux qui menacent le Danemark de représailles suite à la publication d’une caricature de Mahomet. Dans les deux cas, on cherche à endiguer un phénomène engendré par notre société, avec une volonté de toute puissance finalement aussi inquiétante que la violence contre laquelle elle serait censée se défendre.
Un point partout. Que l’occident cesse de vouloir donner au monde entier des leçons de civilisation. Et que les islamistes cessent de menacer à tort et à travers. Finalement, Dominique de Villepin avait peut-être raison de demander aux médias, lors de ses vœux pour 2006, de mettre « un peu d’humour » dans notre société. D’ailleurs, il nous a montré l’exemple : cette année, nous recevrons notre déclaration d’impôts (pré remplie !), le 14 février, jour de la Saint Valentin. Comme quoi le regretté Pierre Desproges avait raison lorsqu’il commençait sa lettre adressée au Trésor Public par cette intéressante formule : « Mon trésor… » Étonnant, non ?