Pendant que les étudiants se mobilisent contre le CPE et que Villepin se juppéise en restant droit dans ses bottes, j’en viens parfois à me demander comment les médias peuvent manquer à ce point de recul sur l’information.
Aucune mise en perspective, pas de réflexion de fond sur cette crise, considérée par beaucoup comme un épiphénomène. C’est un peu comme si la génération de Mai 68 voulait garder pour elle le monopole de la vraie révolution, la « pure et dure », celle qui consistait à remettre en cause les fondements de l’ordre social. Et pourtant… Ce sont ces mêmes ex-« révolutionnaires » qui se trouvent aujourd’hui, comme par hasard, aux commandes des principaux médias de presse, qui dirigent les agences de publicité et appartiennent à la fameuse « classe médiatique ». Finalement, un contrat comme le CPE les arrange bien, ces anciens villipendeurs de la bourgeoisie du XVIe arrondissement, qui ont transformé les quartiers populaires de Paris en autant de refuges pour bobos friqués et renvoyé le vrai peuple dans les banlieues. Finalement, qu’un contrat précarise encore davantage la situation des plus jeunes dans ce pays ne risque pas vraiment de les déranger. Par contre, que ces mêmes jeunes manifestent pour trouver du travail et s’insérer dans la société doit leur paraître très vulgaire.
« - Moi à ton âge, j’étais maoïste et contre la société de consommation ».
« - T’as raison, papa. Moi, j’aimerais bien être contre la société de consommation, sauf que je n’ai pas assez d’argent pour me le permettre ! »
Face aux réactions de la rue, on feint de trouver des solutions, et les médias font de leur mieux pour nous expliquer combien l’emploi des jeunes fait partie des priorités de chacun. N’empêche qu’en France, rien ne semble moins certain. Nous restons le seul pays d’Europe où la situation ne s’améliore pas sur ce sujet. Du coup, la grippe aviaire vient de passer soudainement au second plan de l’actualité. Pourtant, il suffirait d’un lâcher de volailles bien enrhumées au milieu d’une manifestation pour la disperser sans violence.
Et en matière de poulets, Sarko s’y connaît.