Voilà : il suffit que je parte 15 jours en vacances pour que France 2 se décide enfin à diffuser une série française regardable !
En visionnant la bande-annonce, je me suis dit : « Tiens, j’ignorais que William Sheller avait une fille, mais si elle a hérité de son talent, la chanson française n’aura pas à le regretter… ». Que nenni ! Clara Sheller est simplement l’héroïne d’un téléfilm en six épisodes, par ailleurs déjà diffusé en 2005 (à l’époque, cela m’avait échappé).
Malgré les absurdités d’une programmation boulimique (trois épisodes à la suite, cela fait tout de même beaucoup), force est de reconnaître que – pour une fois – les scénaristes n’ont pas cédé à la tentation du politiquement correct.
Clara, interprétée avec talent par Mélanie Doutey, vit en collocation avec JP (Frédéric Diefenthal, toujours excellent), ce dernier, homosexuel non-refoulé et non-caricatural, connaît, comme chacun, des déconvenues sentimentales. Le seul hic : lorsque Clara et lui décident un soir de se consoler ensemble, il faut que celle-ci tombe enceinte ! Semblable intrigue, traitée à la manière de la plupart des séries françaises, aurait risqué de sombrer dans le pathétique ou le ridicule, un peu à la manière de Greco (non, pas Juliette, l’autre : celui qui parle aux morts – comme quoi les pseudonymes de chanteurs inspirent souvent les créateurs de séries).
Mais pour ce qui est de Clara Sheller, rien de surjoué ou d’absurde : les situations les plus incongrues sont traitées avec intelligence et légèreté, le talent des acteurs y étant pour beaucoup. La qualité des seconds rôles (Hélène Vincent, sublime en mère déprimée et Christophe Malavoy, en contre-emploi de patron dépassé par les événements) ajoute au sentiment de visionner l’une des meilleures productions d’outre-atlantique. À ce sujet, on voit nettement que les scénaristes se sont davantage inspirés de séries comme « Sex and the City » ou « Queer as Folk » que de l’inspecteur Maigret ! Du coup, même si l’on sent que certaines scènes ont été tournées avant tout pour leur côté provocateur (même si des couples à trois, on en a connu d’autres depuis « Les Valseuses » de Bertrand Blier en 1974), donnons à Clara Sheller le crédit d’avoir entamé avec talent la saison estivale.
Je n’en dirai pas autant du nouvel Opus de télé réalité présenté par TF1 sous le titre racoleur de « Secret Story ». Un loft relifté, dans lequel chaque candidat doit préserver un pseudo secret, destiné à pimenter quelque peu les séances de voyeurisme ainsi proposées par la chaîne. Comme quoi, même après le départ à la retraite du tandem Le Lay – Mougeotte, TF1 poursuit sans relâche sa quête du téléspectateur idéal : un être à mi-chemin entre le mollusque et l’amibe, gavé de publicités et avide de nouveautés à consommer, afin d’occuper son « temps de cerveau disponible ». À ce titre, « secret Story » joue davantage l’effet miroir que Clara Sheller. Ce qui reste fort dommage.