- Tu vois, Pat, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi dans notre pays, dés qu'il ya quelque chose à changer, tout le monde se met à brailler et à bloquer les issues.
- Je pense que c'est la peur, El.
- La peur, mais de quoi ?
- La peur du nouveau, du différent, du pas pareil. La peur de perdre ce qu'on a. J'en sais trop rien, en fait.
- J'en parlais l'autre jour avec Nathalie. On se disait que c'était bizarre, quand même : ça étouffe, on le sent bien. Les gens vont mal. Mais ils ferment leurs portes et leurs fenêtres. Comment tu veux que ça circule ? Que de l'air passe ?
- Je ne sais pas, El. Peut-être qu'au fond, les gens veulent au moins pas moins d'air ?
- Non, arrête de te moquer de moi. Sérieusement, pourquoi tu crois que c'est comme ça ?
- Sans doute des vieux réflexes. Ou du bon sens. Je me dis que les gens, ils ne savent plus du tout ce qu'ils veulent, ce qu'ils peuvent, parce que tout est embrouillé. Alors ils finissent peut-être par attendre et à ne pas bouger. Comme sous la pluie. On attend que ça passe.
- Mais ça n'a aucun sens !
- Eh bien je crois que c'est précisément ça, le truc. Ca n'a aucun sens. Pourquoi du coup les gens prendraient une direction ?
- Je ne parlais pas du sens en tant que direction, mais du sens en tant que valeur, le fond des choses.
- C'est quoi pour toi le fond des choses ?
- Ben la vie, la mort, tout ça.
- Mais encore ?
- Je ne sais pas.
- Ben moi, je crois que tu as tout dit. La vie, la mort, tout ça. Le reste, c'est devenu ça : je ne sais pas. Après, tu as deux sortes de gens. Ceux qui savent pas et qui ferment leur gueule. Et ceux qui savent pas mais qui font mine de savoir.
- A ton avis, nous, on est dans quel cas ?