Le mouvement de grève des enseignants des gymnases vaudois qui dure maintenant depuis plusieurs mois a pour cause la mise en place d’une nouvelle grille salariale (decfo-sysrem) qui sanctionne une dévalorisation bien réelle de la profession. Comme le dit très bien Ernest Jomini dans un article qu’il consacre au sujet dans le numéro 1852 de La Nation et intitulé « Mort d’une profession libérale », « Nous n’avons plus maintenant, de l’école enfantine au gymnase que des enseignants qui travaillent avec des élèves d’âge différents…Tous ils sont astreints à participer aux innombrables séances administratives, conférences de branches, recyclages et autres activités dont l’intérêt n’est pas toujours évident, mais qui valorise les fonctions des directeurs et de leurs divers adjoints qui eux ne sont pas rétrogradés d’une classe (…) ».
Le mécontentement des enseignants du gymnase et plus largement du secondaire est donc compréhensible. Mais il ne faudrait tout de même pas oublier que les enseignants et leurs syndicats sont largement responsables de la dévalorisation de leur propre métier.
Imprégnés dans leur grande majorité de socialisme, d’égalitarisme et de refus de l’élitisme, ils ne se sont guère élevés ces dernières années contre les multiples réformes de l’enseignement et de la formation des enseignants (les épouvantables HEP par exemple) décidées dans les bureaux des technocrates de l’OCDE et appliquées à l’échelon national et cantonal par les excellents petits soldats socialistes de ce que Jean-Claude Michéa appelle l’ « enseignement de l’ignorance », c'est-à-dire d’une école parfaitement moderne et adaptée tant aux dogmes de l’économie libérale qu’aux dogmes égalitaristes.