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Sophie... Voeux !

Par Jean-Louis Richard

Img_2920 - Bonne année Sophie !

Jean-Benoît était rassuré de retrouver "sa" Sophie. Elle avait un peu grandi.

- Voeux !

- Comment ça, "voeux" ?

- Tous mes meilleurs voeux Jean-Benoît pour une belle et heureuse année 2009, sans les mots qui tombent sous le sens, y reste voeux !

- Ca promet ! Tu vas être encore plus chi.. euh, vigilante qu'en 2008 ?

- Vous m'avez fait venir pour échanger des banalités ?

(Résumé des épisodes précédents : la petite Sophie coache Jean-Benoît, le brillant président de Swen Games. Les précédents épisodes des aventures de Sophie sont ici.)

- J'aurais préféré. Quelque chose m'échappe en ce moment, je ne sais pas quoi.

- Rassurez-moi, vous avez toujours la main sur les chocolats ?

- Ah oui, ça, c'est sous contrôle, les voici, sers-toi. Swen Games aussi est sous contrôle, c'est bien moi le patron, c'est pas le problème.

- Je suis certaine du contraire, mais restons sur votre demande.

- Qu'est-ce qui te permet de prétendre que je n'aurais pas la main chez moi ?

- D'abord, ici, c'est pas chez vous. Ensuite, je ne prétends rien, j'observe. Vous me dites que quelque chose vous échappe, et dans la phrase suivante vous associez le contrôle de votre entreprise à un problème.

- Justement, j'ai dit que c'était PAS le problème, tu veux la traduction en tatare-mandchou ?

- Restez sourd aux formes négatives, vous commencerez à écouter.

- Tiens, mes publicistes en disent autant.

- No comment.

- Oh, et puis tant pis ! J'hésitais à t'en parler, mais puisque c'est toi qui met le sujet sur la table...

- C'est un plaisir de travailler avec vous, Jean-Benoît.

- Epargne-moi ton humour. En ce moment, je me pose des questions sur la façon dont je dirige Swen Games.

- Quand vous aurez répondu à ces questions, que se passera-t-il de différent ?

- Une seconde, Sophie, j'ai pas attaché ma ceinture, tu peux démarrer plus doucement ?

Sophie concentrait toute son attention sur un emballage de chocolat qu'elle lissait avec soin.

Jean-Benoît savait qu'il était vain de faire préciser les questions de Sophie. Le jeu consistait à répondre ce qui lui passait par la tête.

- Cette nuit, j'ai rêvé que je réunissais tous mes collaborateurs dans une grande clairière, dans la forêt, puis que je partais. Malgré mes efforts je n'arrivais pas à courir, mes jambes pesaient une tonne.

- Vous élaborez votre leadership de Swen Games. Qu'est-ce qui est différent ?

- Je suis de plus en plus débordé, je n'ai plus le temps de me poser, comme si je chevauchais un cheval fou.

- A quoi ça se voit, que vous présidez Swen Games ?

- Ca se voit tout le temps. Tiens, à l'instant, j'ai réuni mes responsables de zones et nous avons revu à la baisse les investissements 2009.

- Pouvaient pas le faire eux-mêmes ?

- Je ne me suis pas posé la question. Ils sont venus avec du pipi de chat, je leur ai passé un savon, j'ai tout recadré. Sont repartis à leurs chères études.

- C'est la bande qui a envahi l'ascenseur quand j'en sortais ?

- Peut-être, ils accusaient le coup ?

- Ils étaient hilares. L'un d'eux disait que tout s'était passé comme prévu. Vous pensez vraiment diriger quoi que ce soit en faisant votre numéro ?

- Ils oseraient ?

- Au pire, ils se sont adaptés à vous. Si tout était possible, comment aimeriez-vous diriger SG ?

- J'aimerais que ça tourne sans moi. Mais si je n'apportais plus rien, ça n'irait pas. J'ai besoin de m'agiter et de m'assurer que tout tourne comme je l'entends.

- Vous semblez en transition vers une nouvelle forme de leadership qui vous encombre. Qu'est-ce qui irait dans le bon sens, en ce moment ?

- Avec Jean-Pierre, mon nouveau patron Asie, ça roule. Il délivre les résultats, je reste à ma place. Il est un peu plus jeune que moi, mais il a eu la chance d'être autrefois formé par le vieux Swen.

- Il était là tout à l'heure ?

- Non, il est en congés. Son budget 2009 est déjà nickel. C'est vrai qu'avec lui je ne fais pas mon numéro, il devance mes questions. Le problème, c'est les autres.

- Non, le problème, c'est vous, c'est sur vous que vous avez de l'impact. Si tous vos collaborateurs se comportaient comme Jean-Pierre, qu'est-ce qui vous dérangerait ?

- Euh, rien, ça te va, comme réponse ?

- A votre avis ?

- Bon, d'accord, j'aurais sans doute un peu peur de ne plus rien faire. Mais je trouverais. Swen Games a encore beaucoup à faire pour transformer son métier. So what ?

- Vous désirez diriger votre groupe en cadrant le travail de vos collaborateurs, plus qu'en les contrôlant, correct ?

- Oui, j'aimerais être le contenant, plus le contenu, la peau externe de l'entreprise si tu veux, pas l'intérieur. J'y tends plus ou moins, mais mes collaborateurs se sont adaptés à mon ancien style.

- Occupez-vous de vous, ils bougeront à leur tour. Chacun de vos collaborateurs n'a que vous comme patron, c'est à eux que revient la gestion du lien vers vous. Que pourriez-vous faire d'inattendu dans les prochains jours ?

- Je pourrais commencer par ne pas écrire la note que je leur ai promise tout à l'heure... et leur demander de faire leur travail. Je vais les appeler un par un pour recadrer le tout. Je vois aussi dans mon agenda quelques réunions auxquelles je ferais mieux de ne pas aller.

- En ce moment, vous faites juste marcher votre intelligence, j'aimerais entendre votre coeur et votre imagination... que pourriez-vous envisager de vraiment osé ?

- Tu veux dire, sans parler faisabilité ? Oh, je pourrais réorganiser ma première ligne, tiens je pourrais aussi relocaliser le siège de Swen Games à San Francisco, depuis le temps que c'est notre premier marché... je pourrais aussi... OK, je vois ce qui se passe, je vais prendre du temps pour revisiter tout cela.

- Vous n'êtes pas près de vous ennuyer. Vous avez tout ce qu'il vous faut dans votre vaste magasin personnel, vous avez juste à piocher dedans. Vous êtes allé chez le coiffeur récemment ?

- Oui, avant-hier, pourquoi ?

- Vous avez fait quoi en attendant ?

- Comme d'hab, j'ai lu mes mails sur mon téléphone, puis j'ai feuilleté une revue automobile.

- Vous pourriez faire quoi d'autre de votre temps pour vous ?

- Tu veux dire que je pourrais travailler sur moi au lieu de tuer le temps ? Pas d'accord, Sophie, si je fais tout seul ce que nous faisons ensemble, tu vas en profiter pour ne plus venir.

- C'est vous qui en déciderez. Mais d'après mon expérience, plus vous travaillerez sur vous, plus il vous en restera à travailler.

- Ce qui veut dire ?

- Une autre façon de le dire, c'est que plus vous serez performant, et plus vous aurez encore de quoi progresser.

- Comme si il n'existait aucune limite ?

- Dans votre performance professionnelle, aucune, ça se saurait. Je ne parle pas de votre vie personnelle, là c'est un autre jeu.

- Tout cela me dépasse un peu, ça va suffir pour aujourd'hui. Merci Sophie de m'avoir aidé à décoder tout ça.

- Au revoir Jean-Benoît, et encore très bonne année 2009 !

- Bonne année Sophie. Voeux !


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