En cette 88ème semaine depuis son élection à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy a fait sa rentrée sous le signe du vacarme : déplacement finalement inutile au Proche Orient, nterpellation narcissique du président américain, "bruit" sur l'instruction judiciaire, les prétextes à divertir l'opinion française de ses difficultés croissantes nous ont été servis en rafale. Du vacarme au Proche Orient Sur le moment, la décision de Nicolas Sarkozy d'élargir le déplacement prévu au Liban le 6 janvier à une tentative de médiation avait créé quelques espoirs. Israël avait certes refusé le 31 décembre la proposition européenne de trêve humanitaire. Mais on imaginait que la fameuse efficacité agitée du président français, après 6 mois de crises internationales à répétition, serait au rendez-vous. On imaginait que sa réconciliation avec le dictateur syrien, reçu en grandes pompes le 14 juillet dernier à Paris, servirait enfin la cause de la paix. On imaginait que l'Union pour la Méditerranée et le réchauffement de nos rapports avec Israël permettraient de calmer les esprits. Que nenni ! Ce déplacement fut inutile. L'ex-président du Conseil Européen a échoué. Tsahal est passée à l'attaque terrestre à peine le président français parvenu sur place; la seule concession israélienne, l'ouverture quotidienne d'un "couloir" humanitaire de quelques heures, répondait à la pression de l'ONU et non de la France. Et Sarkozy a même commis une boulette provocatrice en stigmatisant le Hamas au moment même où les chars israéliens entraient dans la bande de Gaza. Sarkozy a-t-il péché par orgueil et cru que son simple déplacement en solo résoudrait le conflit ?; Bernard Kouchner, clown triste de cette farce diplomatique, déclarait encore, le 5 octobre dernier à Jérusalem: "Ayant été durant plusieurs heures à Jénine, je sens que quelque chose se passe, que quelque chose a rétabli la confiance chez les Palestiniens, en parlant avec les Israéliens, y compris avec les plus hauts responsables." Quel visionnaire ! Du vacarme en France Mercredi, Nicolas Sarkozy devait reprendre la main. Les parlementaires se plaignent d'un calendrier trop chargé. Les sénateurs UMP boudent, vexés par l'arrêt de la publicité après 20H sur les chaînes publiques alors que l'examen de la loi audiovisuelle débute à peine au Sénat. Les ministres "cacophonent" sur la relance. L'un dit qu'un second plan de relance sera possible si le premier ne suffit pas. Un autre déclare le contraire. Le ministre du Budget Woerth garantit que les dépenses sont parfaitement maîtrisées ... à 80 milliards d'euros près. La ministre Lagarde se réjouit de l'arrivée du froid pour stimuler les soldes de pulls et de manteaux. Sarkozy lui-même s'est pris à raconter n'importe quoi sur les banques mercredi lors de ses voeux aux parlementaires («Quant aux 10,5 milliards qui ont été versés aux banques, sur les 40 autorisés par le parlement, ils sont là non pas pour sauver une banque de la faillite mais pour éviter la contraction du crédit. (...) Ces 10,5 milliards (...), les banques les rémunèrent et les rémunèrent à 9%. y-a-t’il un seul d’entre vous qui aujourd’hui a placé ses économies à 9%? ") Pour faire oublier cette incompétence collective, Nicolas Sarkozy a usé là aussi de sa parade habituelle : il annonce une nouvelle "rupture", qu'il sait par avance polémique. Et cela marche ! L'information fuite gentiment dans les colonnes du Monde la veille de son intervention. La profession judiciaire s'écharpe le mercredi matin, Libération en fait sa "une". L'après-midi, le plat est chaud. Le président balance: il s'abrite derrière des dérapages plus ou moins récents pour expliquer qu'un juge d'instruction ne pouvait à la fois conduire une enquête et en garantir son impartialité. Il faut donc le supprimer. Schéma classique, les proches du président, Fillon en tête, déminent ensuite ("mais oui, on va débattre, ... comme pour l'audiovisuel..."). Pourquoi une telle annonce aujourd'hui ? On ne sait pas. Une com