Yes we can!
Et je veux le croire en ce début d'année 2009...
Croire en quoi me direz-vous? En l'impropable concrétisé?
Oui!
Croire à quoi?
A la réhabilitation des vins moelleux et liquoreux?
Oui, bien sur, comme à la dextérité magique des phalanges hispaniques déployant leurs éventails à l’aube de l’été, processus similaire dans l’idée à l’immatérielle « chanson de geste », qu’exprime la fameuse « Queue de Paon » lorsqu’un vin complexe et raffinés’offre divinement à nos papilles exaltées ...
La « Queue de Paon »… c’est la « formule poétique» utilisée lorsque les « caudalies »* dépassent25 secondes, quand les plus chanceux d’entres nous délivrent de leur prison de verre l’Eldorado, centenaire parfois, de quelques Coteaux du Layon,Quarts de Chaume, Sauternes, Monbazillac, Jurançon, Muscat du Cap Corse, Banyuls, Vin de Paille, Vin d’Autan, Gewurztraminer, Vendanges Tardives et Grains Nobles, etc… sans compter les « originaux » et les vins étrangers (Eiswein, Icewine, TBA, Tokaj, Vin de La Commandaria, Vins de Constance, etc…)
Que ce soit par le processus de passerillage (sur pied, sur paille, en caissette, etc…)ou par celui dela fameuse « Pourriture Noble » (Botrytis cinérea), champignon de son état, il s’agit toujours d’accéder à ladéshydratation des raisins et subséquemment à leurs concentrations en sucres comme enarômes afin d’en tirer in fine, leurs « substantifiques moelles » !
Sans vouloir, pour le moment, reformuler les différents types de vinifications qui permettent à chaque région aujourd’hui, de produire ce style de vin selon leurs cépages et le millésime, j’aimerais attirer votre attention sur le fait que ces vins ne sont pas assez appréciés pour ce qu’ils sont, et trainent depuis longtemps une « étiquette », (qui a peut être « été » hier mais « n’est plus » aujourd’hui),de liqueur extrêmement sucrée et alcoolisée alourdissant l’estomac et la tête par la même occasion !
Ces nectars non-usurpés aujourd’hui, se targuent de nous offrir dès leur prime jeunesse (4 à 6 ans), une quantité infinie d’arômes et de complexités harmonieusement « infiltrés » par le sucre, l’alcool, et de plus en plus de fraîcheur (acidité, minéralité). Ils gagnent en singularité, affinent leurs robes, et promettent avec une certaine assurance que l’aventure ne fait que commencer !
Et c’est vrai qu’elle commence, et de quelle façon ! D’une part, en terme de conservation et de « durée de vie » », il est rare que l’on soit déçu par un moelleux ou bien un liquoreux, car ils sont armés pour durer, grâce à leur teneur en sucre et en alcool, plus importante qu’un vin tranquille, et c’est autant de satisfaction pour celui ou celle qui l’achète, le conserve et le redécouvre avec plus de sérénité et d’assurance que certains « Vins de Garde » passablement cuits, lorsque par mégarde ils ont été bus, souvent trop tard !
Car il faut le savoir… le vin n’est pas comme les diamants, eternel, et lorsque certains critiques éminents nous font les émoluments d’illustres cuvées dégustées, ce ne sont que de très rares exceptions, le reste appartenant le plus souvent, à de la « spéculation historique » alliant rareté, étiquette et ancienneté au prix du plus offrant, n’ayant plus rien avoir avecla convivialité qui sied au vin, comme à la qualité de celui-ci !
De plus, la complexité d’un vin liquoreux arrivé à maturité est incomparable avec les vins tranquilles ! Il faut simplement imaginer que ce sont des vins complets, rassasiants qui méritent, à ce stade, d’être dégustés seuls…ou bien avec un accord simple, un fromage affiné, un dessert (exception faite d’un accord ad hoc et gastronomique, réalisé par un grand chef au moment du service !).
Chaque cépage déclame une histoire particulière, intimement lié au terroir et au millésime. C’est pourquoi, il est préférable d’attendre un minimum d’années avant que ne s’exerce et s’affine le « nectar » bien souvent capiteuxet puissant en glycérol, sucre, alcool et élevage fortement ressentis lors des « primales » dégustations !
Tentez de les déguster tous les 5 ans ou tous les 10 ans, lorsque vous êtes assuré de la qualité et de la durée de conservation d’un vin. N’hésitez pas à en achetez 6 ou 12, voire plus, car ce sont des vins qui résisteront au Temps, comme à l’oxydation à l’ouverture (vous pouvez les conserver à mi –bouteille une à deux semaines, sans que l’altération ne soit néfaste, lorsqu’ils sont jeunes !) et ce sont aussi d’inaltérables « offrandes » à faire entre amis ou entre collègues de travail et autres « bizness » partenaires !
Si l’on excepte les personnes allergiques au sucre, je ne vois pas ce qui empêcherait tout un chacun de déguster et de promouvoir ces vins indispensables à toutes caves comme à toute culture œnologique et ce,toute l’année et pas seulement lors des commémorations spéciales de fin d’année…
Ainsi de cet or natif, à celui ambré, voire acajou pour certains nobles flacons, traversent les humeurs du terroir et se distingue l’empreinte du millésime parcourant le Temps. Cet or liquide et non virtuel, estun trésor inestimable à bien des égards. Il vous surprendra en évoluant au fil des naissances de vos enfants, telle une marque indélébile embouteillé, un cachet précieux, un sceau imprimé sur un vieux parchemin. Il rendra fertile et emblématique l’intervalle spatiale qui parachèvera son ouverture !
Christophe Guitard
*unité de mesure utilisée pour mesurer la persistance aromatique. Elle équivaut à une seconde.
NB: cet article n'opére pas de distinction entre les Vins Doux Naturels (qui sont souvent mutés avec de l'alcool, et donc pas...naturels!) et les Vins Naturellement Doux (simplement en concentration, et sans ajout d'alcool).