Les petits théâtres du boulevard du Temple, deuxième partie

Par Bernard Vassor

Par Bernard Vassor

Quelques célébrités du boulevard.

Jean-Antoine Mandelard dit Bobêche et Auguste Guérin, dit Galimafré : les Paillasse et Cassandre bonimenteurs. ...... Sous le premier empire et la restauration, ces deux compères furent les pitres les plus célèbres du boulevard du crime. Tout jeune, Mandelard rencontra sur le boulevard, devant la parade de la Malaga, un autre gavroche de son âge, Auguste Guérin. Leur entente fut immédiate et ils décidèrent de se produire eux aussi sur les trétaux. Bobêche, revêtu d'une veste jaune, d'une culotte rouge, chassé de bas bleus, coifféd'une perruque rousse à queue rouge enturbannée qui était surmontée d'un chapeau lampion sur lequel était fixé un papillon qu'il ne quittait jamais. Il appelait les badauds à s'attrouper en faisant jouer une immense crécelle. Par contraste, Galimafré était vêtu sobrement d'un costume de paysan normand, le visage enfariné. Leur succès fut énorme, les dialogues faisaient se tordre de rire les spectateurs aglutinés devant l'estrade qui leur servait de scène. Ils comptèrent parmi les plus grandes célébrités de l'époque. Qui s'en souvient encore aujourd'hui ? En 1814, quand les troupes alliées attaquèrent Paris, nos deux compères étaient postés derrière une barricade rue de Meaux, le fusil à la main. Après le deuxième retour de Louis XVIII, derrière les troupes étragères les deux paradistes, ne voulant pas se produire devant l'ennemi quittèrent le métier et se séparèrent. Galimafré se fit engagcomme machiniste au théâtre de la Gaité, puis à l'Opéra-comique où il resta pendant trente ans. Il se retira à Montmartre ensuite, et mourut loin de son ami, place du Tertre vers 1870. Bobêche quand à lui partit s'exiler à Rouen, où il joua dans un minuscule théâtre dont il devint le directeur. Ayant fait faillite, il s'enfuit à Bordeaux. On le vit alors, mendier dans les rues, traînant de café en cabaret jouant sur crin-crin qui se voulait un violon. Puis il disparut subitement en 1840, son ancien compagnon disant ne plus avoir de nouvelles depuis cette date.