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Contrat de mariage entre Anne de Bretagne et Louis XII (7 janvier 1499)Nombreux sont ceux qui pensent que le mariage entre Anne de Bretagne et les rois Charles IX et Louis XII ont scellé aussi le mariage entre le Royaume de France et le Duché de Bretagne. Il est toujours intéressant de connaître l'Histoire, y compris pour travailler avec sérieux sur une magie celtique. Sources : Dom Hyacinthe Morice, Preuves de l'histoire de Bretagne, t. III, col. 813 à 815, reproduit de J. M. Pardessus (1772-1853) (édité par),
Ordonnances des rois de France de la troisième race, Vingt et unième
volume, contenant les ordonnances rendues depuis le mois de mai 1497
jusqu'au mois de novembre 1514, Paris, Imprimerie. royale, 1849.Loys, etc. Comme puis nagueres feu nostre cher et cousin le roi
Charles VIII, que Dieu absolve, soit allé de vie à trepas, delaissa
nostre très-chere et trés-amée cousine la reine Anne, duchesse de
Bretagne, sa femme et espouse, et sans aucuns enfans descendus d'eux,
et soit ainsi que depuis ledit trepas plusieurs pourparlerz de traitez
de mariage de nous et d'elle ayent esté faits d'une part et d'autre,
tellement que sur iceux ayent esté mis et dressez par escrit, entre
autres certains articles et convenances dudit traité de mariage,
desquels la teneur s'ensuit.
« Ensuivent aucuns articles des convenances et accords du mariage
faits entre le très-chrestien roi de France Louis XIIe de ce nom, d'une
part, et dame Anne, veuve, duchesse de Bretagne, d'autre part.« 1. Premièrement, a esté accordé entre eux que, pour le bien et
utilité de leurs païs et seigneuries, ils ont voulu, consenti et
promis, veulent, consentent et promettent de prendre par mariage l'une
partie l'autre ; c'est à savoir, ledit Roi très-chrestien, ladite dame
Anne pour sa femme et épouse, et ladite dame Anne, duchesse dessusdite,
ledit Roi très-chrestien pour son mari et époux, et ce dans le jour de
mardi prochain, huitième de ce mois de janvier prochain.« 2. Item, a esté accordé que lesdites epousailles seront faites dans le chasteau de Nantes.« 3. Item, et à ce que le nom et la principauté de Bretagne
ne soit et ne demeure aboli pour le temps à venir, et que le peuple
d'icelui païs seroit secouru et soulagé de leurs nécessitez et
affaires, ci esté accordé que le second enfant masle, ou fille au
defaut de masle, venant de leurdit mariage, et aussi ceux qui isseront
respectivement et par ordre, seront et demeureront princes dudit païs,
pour en jouir et user comme ont de coustume faire les ducs ses
predecesseurs, en faisant par eux au Roi les advenances accoustumées ;
et s'il avenoit que d'eux deux en ledit mariage n'issist ou vinst qu'un
seul enfant masle, que cy-après issent ou vinssent deux ou plusieurs
enfans masles ou filles, audit cas ils succéderont pareillement audit
duché, comme dit est.« 4. Item, a esté accordé que ladite dame jouira
entièrement, sa vie durant, du revenu du douaire à elle baillé et
assigné par le feu roi Charles VIIIe de ce nom, que Dieu absolve, par
ci-devant son mari et époux.« 5. Item, que ledit Roi très-chrestien, outre le douaire du
roi Charles, baillera et constituera, et dès à présent baille et
constitue pareil et semblable douaire que ledit roi Charles lui avoit
baillé, au cas toutefois que ledit Roi très-chrestien allast de vie à
trépas devant ladite dame ; et outre ce, audit cas, elle jouira des
meubles de leur communauté. Et si icelle dame alloit de vie à trepas
avant le Roi très-chrestien, sans enfans d'eux, ou que la lignée d'eux
procrrée audit mariage defauldroit, en ce cas ledit Roi très-chrestien
jouira, sa vie durant seulement, desdits duché de Bretagne et autres
païs et seigneuries que ladite dame tenoit à présent ; et après le
decez d'icelui Roi très-chrestien, les prochains vrais héritiers de
ladite dame succéderont ausdits duché et seigneuries, sans que les
autres Rois ni successeurs en puissent quereller ni aucune chose
demander.« Lesdites choses dessusdites sont accordées entre le Roi
très-chrestien et ladite dame, et icelles ont promis entretenir l'un
vers l'autre en bonne foi et parole de prince et de princesse, par ces
présentes signées de leurs seings manuels, le septième jour de janvier,
l'an 1498. Ainsi signé, LOUIS, ANNE. »Savoir faisons que nous, desirans ledit mariage avoir et sortir son
plein et entier effet, pour le bien de nous et de nos roïaume, pais et
seigneuries,et lesdits articles et convenances entre autres choses
estre duement et entierement entretenus, avons par grande et meure
deliberation de plusieurs princes de nostre sang et lignage, prelats et
gens de nostre conseil, de nostre certaine science, pleine puissance et
autorité roiale, iceux articles et le contenu en iceux promis, jurez et
accordez, promettons, jurons et accordons, en bonne foi et parole de
Roi, entretenir et entierement accomplir, tant pour nous que pour nos
successeurs, selon leur forme et teneur, sans jamais aller ni venir au
contraire, sous l'obligation de tous nos biens presens et à venir,
lesquels pour ce faire nous avons soumis et soumettons à toutes cours
et juridictions seculieres et ecclesiastiques, et aux censures du
saint-siege apostolique, en toute manière et ample forme. Et affin que
ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons signé ces
présentes de nostre main, et à icelles fait mettre nostre scel, sauf en
autres choses nostre droit, et l'autruy en toutes.
Donné au chastel de Nantes, au mois de janvier, l'an de grâce mil
quatre cent quatre-vingt et dix-huit, et de nostre regne le premier.
Signe LOUIS.
Par le Roi, les cardinaux de Saint-Pierre ad Vincula et
d'Amboise ; vous le chancelier, le sieur de Ravestin, le prince
d'Orange, le marquis de Rothelin, les comtes de Rohan, de Guise et de
Ligny, de Dunois et de Rieux ; les evesques d'Alby, de Saint-Brieuz, de
Luçon, de Léon, de Septe, de Cornouaille, de Bayeux ; les sieurs de Gié
et de Baudricourt, mareschaux de France ; de Sens, chancelier de
Bretagne ; de la Trimouille, de Chaumont, de Beaumont, d'Avaugour et de
Tournon ; les abbez de Redon, vice-chancelier de Bretagne, et de
Moustier-Ramé ; Jacques de Beaume, general des Finances de Languedoc ;
maistre Charles de Hautbois, président des enquestes ; Philippe Baudot,
gouverneur de la chancellerie de Bourgogne ; René Dupont, archidiacre
de Ploechatel, Amaury de Quenechguilly, Roland de Soliezon, Alain
Marco, sénéchal de Rennes, maistre des requestes et conseillers
ordinaires de Bretagne ; Gabriel Miron, médecin ordinaire, et plusieurs
autres presens.
Scellé en lacs de soie et cire verte.
[note sur la date : à cette époque l'année commence à Pâques (ancien style), le 7 janvier 1498 correspond donc à notre 7 janvier 1499]