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Aux sources de la magie : la submersion d'ys

Publié le 16 juillet 2008 par Eflamm
LA SUBMERSION D'YSQuand la grande marée de Mars, la mer de Douarnenez déchale si loin qu'elle met au jour les décombres d'une ville immense et les restes des chaussées de pierre. Cette ville engloutie avait nom Is. Elle s'étendait sur neuf lieues, ceinturée d'épais remparts. Peut-être était-elle déjà une île quand elle fut édifiée et donna son nom à Douarnenez qui veut dire, en Breton, le Terre de l'Ile .... En ce temps là, le roi Gradlon régnait sur la Cornouaille, il avait établi en maître, dans sa capitale Kemper, le saint homme Corentin, et s'était retiré dans Is, près de sa fille unique Ahès-Dahut.On ne sait si la ville d'Is était le précieux cadeau que le roi voulut faire à sa fille ou si Ahès-Dahut la fit surgir en une nuit par l'opération des mauvais esprits, car les septs péchés capitaux menaient sa cour dissolue.Tous les soirs, la princesse prenait un nouvel amant, dont le corps au matin, était jeté dans l'enfer de Plogoff. Un soir, un prince étrange tout vêtu d'écarlate et venu on ne sait d'où, se rendit maître de la princesse. "Belle, si vous m'aimez, donnez moi de votre amour d'assurés témoignages." - "Quels témoignages, mon cher seigneur, vous donnerais-je ? - "La clé des écluses" - "C'est la clé confiée à Gradlon seul par les esprits de la mer. Elle ne quitte pas le col de mon père."- "Votre père est vieux. Il dort. Et vous avez la main si douce." Voilà Dahut qui dérobe la clé, et le prince largue les écluses. Voilà la mer qui tombe sur Is comme une bête. Elle déferle au galop dans les rue, abat les maisons, étouffe les cris d'horreur.Sur son cheval marin, le vieux Gradlon chevauche durement dans les vagues, aux côtés de saint Guénolé, pour regagner la Grande Terre. Mais le cheval peine dans la tourmente.- "Gradlon, jette à l'eau la sale bête qui s'accoche à toi"- "Mais c'est ma fille Guénolé. Je ne saurais la laisser" - "Toi seul seras sauvé, toi seul !" Gradlon en larmes, se libère des bras de sa fille. Le cheval allégé gagne sur la vague et prend pied en terre ferme. La mer s'apaise. Elle n'est plus qu'un lac éteincelant où meurent des sons de cloches .   Extrait de Légendes de la Mer de Pierre-Jakez Hélias

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