Les scènes de tirs et l’assaut contre les rebelles sont à la fois cruelles, dures et réalistes mais surtout particulièrement prenantes. On tremble à chaque instant et contrairement à d’autres séries, on nous fait d’emblée comprendre que les héros ne sont pas immortels. Madame B, l’une des deux femmes de l’équipe en fait vite les frais mais est retrouvée vivante. Et Josh Henderson présenté plus ou moins comme l’un des héros de l’histoire se fait exploser la jambe à la fin de l’épisode alors que Dim lui disait deux secondes qu’il avait tout d’un futur leader. Personne n’est donc épargné dans cette histoire.
Les vidéos envoyées à leur famille alors que les soldats sont encore sous le choc de l’assaut de la mosquée sont particulièrement poignantes. Certains réalisent ce qu’ils ont laissés en partant, d’autres peuvent peine sortir deux mots à la caméra. On rappelle néanmoins que l’on est en guerre et les soldats n’ont pas le droit de révéler où ils se trouvent même si c’est pour dire qu’ils sont dans le trou du cul de l’enfer.
Malgré leurs différences, tous les soldats sont solidaires les uns des autres car ils savent qu’ils n’ont qu’eux pour veiller l’un sur l’autre. Les rivalités et la méfiance sont néanmoins de rigueur. On parle également du racisme mais d’une autre manière car l’un des personnages noirs se tourne naturellement vers un autre soldat de couleur pour l’épauler. On retrouve également des parcours très différents pour les différents soldats, un universitaire, un joueur de foot comptant sur sa paye de GI afin de pouvoir aller à l’université, des hommes mariés, des femmes avec un enfant,… Mais tous ont choisi de s’enrôler pour des raisons qui leur sont visiblement propres mais dont ne parle pas beaucoup dans ce premier épisode.
J’avoue ne pas être sorti indemne de ce premier épisode de Over there qui en met plein à la vue mais pas à la façon d’un film hollywoodien mais plus à la manière d’un documentaire. Aucun aspect de la guerre n’est oublié, de la peur des soldats fraîchement arrivés sur place à la haine des irakiens envers les américains, la religion a également aussi sa place et est pour certains le seul refuge possible. Et comme une auto critique de la médiatisation, des journalistes de Al Jazira sont dans le camp ennemis afin de recueillir leur point de vue. La guerre n’est pas seulement sur le terrain mais est également sur les écrans et dans les esprits des gens.
Voilà donc une auto critique salutaire prouvant à nouveau que les séries télés ne sont pas seulement des divertissements mineurs vides cerveaux mais peuvent aussi être revendicatrices et dénonciatrices des excès mêmes de l’Amérique. Over there n’aura malheureusement connu qu’une seule saison mais les 12 épisodes suivants cet épisode pilot vont certainement valoir le coup. Tourné en 2005, l’Amérique n’était sans doute pas encore prête à voir un tel récit à l’écran sur son histoire récente.