Itsik Manguer (ou Itzik Manger) est un des grands poètes yiddish
(avec Avrom Sutzkever et Peretz Markisch), est né le 30 mai 1901 à Tchernovitz
dans une famille de tailleurs juif-allemands de la Bucovine roumaine. Mêlant
les légendes juives à une poésie évoquant Villon, les romantiques allemands du
rêve, et les peintures de Chagall, il fut nommé « le prince de la ballade
yiddish ». Il écrivit la majorité de ses poèmes de 1928 à 1938 à Varsovie,
alors une métropole du monde yiddish. Avec la guerre il dut émigrer et porta
ailleurs sa voix de troubadour exilé : Paris, Londres, New York. Il s’établit à
la fin de sa vie en Israël où il mourut le 21 février 1969.
La langue yiddish des Juifs ashkénazes, quasi-étouffée par les Nazis, hante la
culture allemande (et plus loin) ressurgissant en textes et chansons ou chez de
jeunes groupes de musique klezmer. Le yiddish n’est que lointainement mais
parfois étonnamment compréhensible aux germanophones, avec sa base d’allemand
moyenâgeux et ses 20% de mots slaves ou hébreux, comme une lingua franca sépia
mais tenace d’une Europe de l’Est élargie à sa diaspora, et parlée aujourd’hui peut-être
par 3 millions de personnes.
On peut trouver Itsik Manguer dans une édition allemande récente de ses poèmes,
avec le yiddish en alphabet hébreu et translittération latine germanophone –
par exemple un francophone doit lire le « j » comme un
« ï » -, plus la traduction allemande, ainsi qu’un CD audio d’une
lecture de Manguer dans les années 60.
À lire aussi, en français seul, les poèmes de Manguer traduits par Charles
Dobzynski dans sa belle anthologie des poètes yiddish.
Bibliographie :
Itzik Manger : Dunkelgold. Suhrkamp 2004 (yiddish et allemand, avec
CD)
Traductions en français:
Anthologie de la poésie yiddish, éditée par Charles Dobzynski, Poésie/Gallimard
2000.
Théâtre yiddish, tome 1, L’Arche 1997.
Sitographie :
une fiche
wikipédia (en anglais)
Les ballades de Itsik Manguer mises en musique par de jeunes musiciens israéliens
sur ce site
Contribution de Jean-René Lassalle