Va torcher ton môme !

Il sera inutile de préciser que je ne suis pas fan de Rachida Dati et surtout de sa politique.
Pour autant, le sexisme effréné autour de sa personne me laisse un peu perplexe. Et quand ca vient de gens de gauche, bizarrement ca m’exaspère davantage.

- Elément 1 : son mauvais caractère.
C’est vrai qu’elle a l’air d’en avoir un costaud au vu des multiples démissions au sein de son ministère. Constatez néanmoins que Sarkozy a strictement le même, que Chirac rentrait dans des colères, paraît-il, homériques et qu’on n’en a pas fait ce plat là. Mais supposons que le sien soit spécial (elle a beaucoup ses règles).

- Elément 2 ; sa grossesse et surtout sa sexualité.
Les groupes facebook et plaisanteries ont fleuri autour de l’identité du père. Ce qu’on oublie de dire, c’est qu’au fond, personne ne s’intéresse au père, juste à la sexualité de Dati. Avec QUI couche-t-elle ? Vous me direz qu’à force de peopoliser sa vie, on récolte ce que l’on sème ; n’étant pas pour le nivellement vers le bas, on dira que cet argument est nul et non avenu.

Nous avions subi la même chose avec Carla Bruni, que certains de mes camarades de gauche (ce ne sont pas les seuls ; rassurons nous comme on peut), outrés de la voir avec un homme de droite, avaient élégamment traitée de pute et dressé la liste de ses amants.

- Elément 3 : son accouchement.
Dati a repris le travail 5 jours après avoir subi une césarienne. Je ne sais pas pourquoi et je dois dire que je m’en fous. On peut bénéficier des acquis sociaux ou pas ; nul n’y est obligé. Nous assistons donc à une discussion dans la presse et sur les blogs sur la capacité de Dati à être une bonne mère.
Même en 2009, on en est donc toujours au même point. Les gens – même les femmes qui arriveraient à me faire passer le goût d’être féministe tant elles prennent plaisir à s’enfoncer toutes seules – ne digèrent pas qu’une femme ne soit pas tout utérus dehors, à pouponner à loisir. Je précise que je n’ai évidemment rien contre ce choix là mais cela doit rester un choix.

Il est probable que Bruni sera enceinte un jour ou l’autre ; va-t-on demander à Sarkozy de prendre un congé ? Ah non c’est pas pareil. Pardon. Nous c’est dans nos tripes (je ne suis pas une femme donc). Prenons par exemple ce billet  d’un charmant père de famille. On constate qu’entre sa carrière et son enfant Dati doit choisir ; l’enfant en l’occurrence. Vous me rétorquerez qu’elle devait en ce cas, ne pas concevoir. Mais demande-t-on ce choix aux hommes ?
- Si vous ne voulez pas d’enfant c’est que vous n’êtes pas normales.
- Si vous en voulez un mais que vous n’arrêtez pas votre carrière pour, c’est également un scandale.
-si vous en voulez un et que vous arrêtez de travailler, vous êtes une espèce de bobonne qui perd tout neurone.

On appelle ca le double bind. J’appelle ca de la schizophrénie.

On assiste à l’heure actuelle à un démantèlement de la justice comme on a jamais connu. Au lieu de s’appesantir sur l’enfant Dati, il y a peut être des choses plus importantes.

Un florilège de commentaire ici et là.

Et je vous passe les réactions de certaines féministes. Un certain féminisme a tendance à ordonner aux femmes d’avoir un certain comportement ce qu’a toujours fait, rappelons le, le patriarcat. Le féminisme est la liberté de choisir, pas de se conformer à de nouveaux diktats. Se battre pour les congés maternité était évidemment nécessaire, condamner les femmes qui ne les prendraient pas, non. D’autant, constatez, qu’on retombe toujours sur la vieille rengaine “c’est sa faute, elle l’a cherché”. Si vraiment Dati n’a pas le choix, eu égard à l’instabilité de son poste à l’heure actuelle, elle est plus à plaindre qu’à blâmer.