Nous discutions mercredi soir avec l’ami Fabrice, devant des paupiettes et une purée maison, sur l’entêté grignotage sarkozien des libertés, notamment celle de l’information, sur le flicage progressif et les fichages, sur la mise à la botte envisagée de la justice et du parlement, l’enrichissement des plus riches, …, quand il me rappela opportunément la fable de la grenouille qui, mise dans une casserole d’eau froide progressivement chauffée n’a pas conscience du danger, ne se débat pas et finit cuite, alors que, jetée dans une casserole d’eau bouillante, elle réagira et sautera, en partie ébouillantée certes, mais vivante.
Pourtant, en quelques mois, que d’atteintes à la séparation des pouvoirs, que de fleurs faites aux “amis”:
- On passe au dessus de la justice avec une “conciliation” qui offre à l’ami Tapie quelques centaines de millions d’€.
- N’étant jamais mieux servi que par soi-même, on décide de nommer soi-même le patron de la télévision et des radio publiques.
- Après les nominations en chaîne de juges proches du pouvoir là où cela peut être utile, on décide la suppression du juge d’instruction afin que, plus jamais, les amis du pouvoir ne puissent être inquiétés par la justice.
-On supprime toutes les semaines de nouvelles agences afin que les statistiques et l’information soient désormais données directement par le pouvoir.
On pourrait continuer longtemps une énumération qui deviendrait fastidieuse…
En l’absence d’une gauche capable d’alerter et mobiliser les populations sur l’augmentation continue de la température, nous sommes tombés d’accord sur le fait que cette fable de la grenouille semblait, pour l’instant s’appliquer à la société française mais que la crise qui allait vraiment se déployer à partir de 2009 risquait de changer la donne, ce qui expliquait les récents reculs sarkoziens.
La France est traditionnellement un pays où la voracité des possédants a peu de limites, où les avancées du Pacte National de la Résistance étaient davantage dûes à la crainte des maquisards (FTP et FFI) encore en armes qu’à une vision sociale des patrons français. Cette voracité explique les crises violentes et successives depuis la Révolution Française. Ni Fabrice ni moi ne croyant plus au grand soir, nous avons néanmoins convenu que des évènements d’ampleur étaient possibles quand ceux qui avaient déjà du mal à survivre allaient se retrouver dans une situation encore pire.
Nous avons alors déploré l’absence d’un projet politique alternatif, corpus théorique construit, englobant un marché socialement et démocratiquement régulé, et donc certaines formes de protectionnismes, pour que les choses puissent se traduire, pleinement et politiquement.
C’est là que m’est apparu l’écrasante responsabilité du PS dans le désarroi et les hésitations actuels. Devenu simple machine sur le marché électoral, coupé des couches populaires, surtout capable de rassembler les votes “Contre”, comme l’avaient montré les dernières élections régionales, cette incapacité à proposer un chemin vers une société réellement démocratique dans laquelle le social puisse équilibrer l’économique, … ne nous a pas rendu optimistes sur les perspectives de ces très prochaines années.
- “Elysée . Vaniteux, faux modeste, grossier… Sarkozy a adressé ses vœux aux parlementaires”. Libération.
- De l’honnêteté de l’info sur France 2. Agoravox et Marianne.
- Sur la disparition annoncée des juges d’instruction, l’édito du Monde : “un transfert de pouvoir “d’un petit juge indépendant à un gros parquet dépendant”".
- Entrez dans la banque avec YouTube.
- Dossier d’Acrimed : “Construction médiatique de l’opinion économique”.
- “Ce qui est très utile - l’eau, par exemple - n’a pas toujours une grande valeur, et tout ce qui a une grande valeur - par exemple les diamants - n’est pas forcément très utile”. Le Monde.
- Au hasard de mes lectures, je suis tombé sur le rapport Benisti (député UMP) “Sur la prévention de la délinquance”, mettant à contribution de nombreux élus (essentiellemnt UMP, dont C. Estrosi), datant de 2004 et remis au 1er ministre de l’époque. Je vous conseille la lecture de ce monceau d’imbécilités qui, heureusement pour nous, est resté lettre morte; bien que M. Lefebvre y fasse encore référence.