Fascination, comme toujours, pour le désordre apparent, soigneusement entretenu, sans doute, de l’appartement de Jade, pour le jardin japonais, sur la gauche - histoire d’amuser la galerie -, le bureau d’autrefois, arrimé le long d’un mur dans un coin de la chambre interdite et qu’encombre une bousculade de livres entrouverts et de cahiers de toutes dimensions, la lumière d’une autre texture que celle qui m’habite, le soleil automnal qui s’invite, lascif, jusque sur les pages d’exercices, balbutiées de milles ratures, ornementées de biffures, de replis, agrémentées de l’envie de reprendre, de retourner sur ses pas, de redire ce qui n’a jamais été dit, et d’en finir, un jour, avec tout ça. Fascination, aussi, pour le lit toujours défait, les draps que personne ne semble espérer, la fuite sur les toits avec, en ligne de mire, les jardins de Miromesnil, la table bancale qui sert de décor à la tasse que l’on pose, et qui s’oublie, s’embarrasse de provisions, parfois, de quelques croissants que j’exhibe de retour de la pâtisserie voisine, les lithographies de Paul qui finissent, à force de répéter les mêmes insanités, par se fondre dans le paysage, disparaître tout à coup dans les craquelures des murs, s’affranchir de toute signification, s’émanciper du cadre étroit de leur territoire, contaminant, alors, les tentures et les coussins, le fauteuil espiègle aux accoudoirs de velours dont Jade n’imagine pas un seul instant pouvoir un jour se séparer et où je m’assoupis régulièrement, les miroirs qui s’obnubilent de son regard inquiet, de ses lèvres qui se disent, parfois, fatiguées de sourire, des horloges, surtout, qui n’égrènent jamais que le désir éperdu de suspendre, dans l’immobilité du temps, l’insouciance d’un bonheur à peine entrouvert.