L'histoire
Une petite ville américaine à la frontière du Canada. Ray peut enfin offrir à sa famille la maison de ses rêves et bientôt quitter leur préfabriqué. Mais quand son mari, joueur invétéré, disparaît avec leurs économies, elle se retrouve seule avec ses deux fils, sans plus aucune ressource. Alors qu'elle essaie de retrouver la trace de son mari, elle rencontre Lila, jeune mère célibataire d'origine Mohawk, qui lui propose un moyen de gagner rapidement de l'argent : faire passer illégalement aux Etats-Unis des immigrés clandestins, à travers la rivière gelée de Saint Lawrence, située dans la Réserve indienne. Ayant cruellement besoin d'argent à la veille des fêtes de Noël, Ray accepte de faire équipe avec Lila. Pourtant, les risques sont élevés, car la police surveille les allers et venues, et la glace peut céder à tout instant...
Mon avis
Après l'indigeste De l'autre côté du lit en premier film de l'année, il fallait rattraper le coup ! C'est chose faite avec ce Frozen River, petit bijou de ciné indépendant américain. Premier long métrage de sa réalisatrice Courtney Hunt, le film est déjà couvert de prix (Sundance...) et son interprète principale citée comme actrice de l'année par de nombreux critiques. Annoncé comme un thriller à couper le souffle sur l'affiche (dixit Tarantino), c'est avant tout un drame social ancré dans son époque et dans une actualité toujours brûlante : la crise, la pauvreté, les clandestins, l'eldorado américain... Une mise en scène d'une grande maîtrise pour un galop d'essai, sur un scénario magnifiquement écrit, accompagnés d'une interprétation de haut niveau, il n'en fallait pas moins pour devenir le premier coup de cœur de l'année. Des plans magnifiques, poétiques, contemplatifs, alliés à une tension dramatique sans cesse désamorcer pour mieux rebondir et nous tenir en haleine jusqu'à la dernière minute. de vrais beaux moments de grâce, de vrais beaux moments d'émotion(s). Plus qu'un thriller, nous assistons à deux beaux portraits de femmes. Deux femmes totalement différentes, unies par le même désir d'aimer leurs enfants et de subvenir à leurs besoins envers et malgré toutes les difficultés et l'absence d'hommes et de pères. Une histoire d'amitié aussi, qui a du mal a dire son nom, qui a du mal à se déclarer, mais qui subrepticement s'installe à l'insu des deux femmes. Ce genre de premier film, personnel, au couteau, n'est rien sans une interprétation qui tient le choc. Et c'est ici le cas. Melissa Leo est absolument formidable. Elle tient tout le film sur ses épaules. Tendre, dure, volontaire, elle est tout simplement bouleversante, déjà une des grandes interprétations féminines de l'année. Venant de la télévision elle a tout de même fait quelques apparitions discrètes au cinéma et notamment dans les excellents 21 grammes et 3 enterrements. Son face à face avec Misty Upham qui joue la jeune indienne (elle aussi parfaite) est un grand moment. Tout le reste du casting est sans faute, rien à dire. Cette tranche de vie de quelques laissés pour compte de l'Amérique et de la mondialisation est un grand moment d'humanité et de solidarité, grand combat au quotidien pour des destins brisés qui à force de volonté, de courage, d'abnégation et de sacrifices voient malgré tout les lueurs de l'espoir dans un monde bien noir. On attend donc avec impatience la suite pour cette réalisatice au talent déjà très grand. A voir pour se regonfler à bloc en ce début d'année.
Tu dois activer le JavaScript pour afficher cette vidéo. &VideoID;&typevid;