Il y a quelques temps, au début de cette nouvelle saison, j'étais interrogateur. Comment les scénaristes allaient-ils faire tourner la machine Dexter? Comment allaient-ils éviter la chasse à l'homme à répétition? Comment allaient-ils maintenir un semblant de crédibilité tout en explorant des terres inconnues?
Au final, je suis agréablement surpris par cette saison. La trame mise à l'écran a répondu correctement à ces interrogations. En fait, le personnage de Dexter est surréaliste. Mais, il est suffisamment bien écrit et bien bâti, pour que jouer avec lui soit la source de beaucoup d'intérêts et de curiosités. Ce qui me plait c'est de le suivre dans son quotidien, d'écouter ses pensées et surtout sa façon de mettre en lumière son entourage. Comme il est décalé, ses échanges avec les autres personnages sont souvent croustillants. Le fait que le téléspectateur soit le seul avec qui Dexter partage ses secrets et ses pensées renforcent encore plus le lien avec lui.
Mais les scénaristes ne se gardent pas de montrer que Dexter est avant tout un monstre. Outre ses meurtres, ce qui gène le plus avec lui, c'est surement sa façon de rendre la justice. Son code de conduite, dit de Harry, est construit pour le protéger de ce qu'il est. Il s'agit pour lui de traquer les crapules tel un justicier pour les éliminer. Il s'agit aussi par ce biais d'assouvir sa pulsion du meurtre et du sang tout en passant pour le « bon » serial-killer qui protège les gens des autres monstres que lui.
Seulement comme on a pu le voir dans cette saison, ce comportement à de grosses limites. Certes aux yeux de son code il protège les autres mais, pour lui, l'intérêt est avant tout de combler son envie obsessionnel de tuer. C'est d'ailleurs,dans ces seuls moments où il est lui-même et surtout où il parle. Dexter ne parle jamais, surtout pas de lui-même sauf quand il s'apprête à tuer. C'est là où il expose sa vraie personnalité et se laisse aller à quelques confidences. Première preuve que Dexter se sert du meurtre comme un acte égoïste pour exister.
De plus, on a pu voir au début de cette saison qu'il pouvait se tromper. Quand tout désigne de toutes évidences sa prochaine victime, n'y a t'il pas quelque chose qui masque la réalité. Dexter semble inoffensif alors que c'est tout le contraire. A l'inverse n'y a t'il pas des gens qui passent pour de mauvaises consciences, comme des agents infiltrés, et font seulement leur boulot.
Cette erreur en amène alors une autre qui, par la suite, ouvre un nouveau point de vue sur ce qu'il est. Le frère de son erreur, Miguel Prado, est un beau salaud. Haut placé, assistant du procureur respecté en public, il baigne pourtant dans la corruption, le meurtre ou le détournements d'intérêts divers comme le découvre Dexter. Miguel Prado en usant de mauvaises méthodes souhaite également rendre la justice quand celle-ci n'y parvient pas à ses yeux. Avant tout, il s'en sert surtout pour protéger les menaces sur ses intérêts comme en témoigne l'avocate Ellen Wolfe et rendre sa justice de manière aussi partiale soit-elle. Ce trait de personnalité fortement égoïste est une faille dont Dexter ne prend pas conscience instantanément. Du coup, pensant avoir trouvé un alter-égo, il lui enseigne le code de Harry pour que enfin il ne soit plus seul avec ce qu'il est. Mais en faisant cela, il fait grossir un monstre. Lorsque Dexter s'en rend compte, il se décide de le tuer. Il s'y résout aussi parce que Miguel en sait trop sur lui. Et c'est avant tout pour cela qu'il le tue. Du coup, la justice que rend Dexter est avant tout pour lui et devient, en plus, totalement imparfaite. En le tuant, il fait passer Miguel pour une victime. Finalement, personne ne sera jamais que Miguel était surtout un homme pourri et dangereux.
Cette saison nous montre donc que malgré le bon vouloir du code de Harry, il est impardonnable avec ce qu'il est. La justice se rend d'abord dans un acquis de conscience collectif.
A côté de cela, on approfondi davantage l'entourage de Dexter. Sa relation avec Rita est épaissie et renflouée d'intérêts lorsqu'il décide de se marier et surtout lorsque celle-ci tombe enceinte de lui. C'est alors l'occasion de se demander si Dexter peut vraiment être un homme attaché mais aussi un bon père. C'est alors l'occasion de se demander si Dexter n'est pas condamné à être un homme anormal et seul.
On ajoute aussi une pointe d'humour non déplacée par l'intermédiaire du Sergent Batista ou Musuka. La sœur de Dexter est toujours aussi lourde et on voit bien venir ce qui va venir. Notons également l'arc scénaristique bien pesant de l'ami d'enfance en phase terminale de cancer du poumon.
Ainsi, Dexter est une bonne série lorsqu'elle se concentre sur sa mythologie dure, celle de son anti-héros éponyme. Les notes d'humour ne sont pas de trop mais ne parviennent pas toujours à alléger les lourdeurs autour.
> Bande annonce de la saison 3:
Dexter- Saison 3- Bande annonce