Déambulant hier soir dans le quartier des Halles à Paris, près de l’Eglise Saint-Eustache, j’ai cru identifier une nouvelle attitude qui pourrait être identifiée comme bobo. Je vais vous décrire la situation, mes impressions, et vous me direz si je fais fausse route ou bien si, au contraire, une nouvelle petite tendance voit le jour.
Donc, trois jeunes gens (deux gars, une fille), les cheveux désordonnés et la Marlboro Light à la main, prenaient l’apéritif en terrasse (couverte).
Pour l’instant, rien de bien significatif en effet. Seulement voilà, leur apéritif c’était trois ballons et une bouteille de vin rouge posée ostensiblement au milieu de la table.
Nul ne peut nier le fait que, au bistrot, on boit facilement un ballon de rouge, comme on pourrait se taper un demi, un Ricard ou un kir. Oui mais à y regarder de plus près, cette scène classique était un magnifique trompe l’œil et chez nos trois amis, plusieurs éléments ne collaient pas…D’abord leur âge. Certes c’est subjectif mais tout de même, j’affirme que quand on a la trentaine, on ne prend pas de rouge à l’apéro (au pire c’est un blanc sec, ou alors du « Chaaardonnaay » pour les plus raffinés).
Ensuite, quand on boit un ballon (une côte de préférence), on est le plus souvent accoudé au comptoir, plus ou moins affalé selon le nombre d’unités gobées, et pas à une terrasse chauffée par des braseros.
Enfin, quand bien même on peut prendre du vin rouge en apéritif au bistrot, il est très rare d’avoir la bouteille posée sur la table : les patrons servent à l’unité. Il y a donc probablement eu commande spécifique de nos trois amis.
Ce faisceau d’éléments me laisse à penser que tout ceci n’était pas un hasard et qu’il y avait une mise en scène étudiée. Rien de grave, naturellement, mais suffisant pour attirer brièvement l’attention et capter le regard des passants. Or souvenez-vous, être bobo c’est se différencier sans être pour autant marginal ; là, le coup de nos trois amis est réussi et on leur consacre même quelques lignes !
François