Victime de la crise économique et financière, la Grande-Bretagne a adopté le taux directeur le plus bas de son histoire, avec la baisse d’un demi-point à 1,5% décidée jeudi par la Banque d’Angleterre (BoE), pour essayer de limiter la déflation qui menace une économie qui tourne au ralenti.
“Ces taux sont les plus bas jamais atteints depuis la création de la Banque en 1694, ce qui prouve la sévérité de la crise affectant l’économie britannique (…), les perspectives pour 2009 sont absolument atroces” commentait Howard Archer de l’institut IHS Global Insight.
Rassurés par une telle mesure, qui fait suite à trois baisses consécutives depuis octobre, les cambistes, dont certains craignaient une baisse plus importante des taux ont favorisé la livre sterling qui s’est immédiatement affichée en hausse de plus de deux pence face à l’euro, autour de 0,89 livre pour un euro alors qu’elle était au bord de la parité avec l’euro le 31 décembre dernier.
La BoE avait d’ailleurs expliqué que c’était l’effondrement de la monnaie britannique, qui a perdu plus d’un tiers de sa valeur en un an et demi, qui l’avait retenue de procéder en décembre à une baisse plus forte que celle votée.
La Banque a voulu montrer jeudi un optimisme rassurant, en estimant que “les récentes mesures d’assouplissement monétaire, ainsi que les mesures de politique budgétaire, la chute substantielle de la livre sterling et les perspectives de baisse de l’inflation fourniraient un stimulus important pour aider l’économie (à redémarrer, ndlr) dans l’année qui vient”.
Mais elle a reconnu que “l’économie mondiale semble devoir affronter un ralentissement inhabituellement sévère et de façon synchronisée” et que “la croissance des échanges mondiaux sera certainement cette année une des plus faibles depuis longtemps.”
Et, dans le même communiqué publié à la suite de la décision, elle a justifié la nécéssité d’un nouveau geste d’assouplissement monétaire en raison “de la volatilité impliquée par la réduction de la TVA” décidée par le gouvernement, et “des risques de passer sous l’objectif des 2% d’inflation”, le dernier rapport sur l’inflation faisant même état de tensions déflationnistes susceptibles de s’aggraver courant 2009.
Aujourd’hui, même si la récession n’est pas encore officiellement déclarée au Royaume-Uni, contrairement à d’autres pays d’Europe, il est évident pour la totalité des économistes qu’elle le sera en janvier, avec la publication des chiffres de croissance du quatrième trimestre, qui devraient montrer un nouveau recul du Produit intérieur brut (PIB) après déjà une baisse de 0,6% au troisième trimestre.
En raison de l’ampleur de la crise affectant, davantage que la plupart des autres pays européens, le Royaume-Uni, des rumeurs font même état de la possibilité d’adoption d’une politique “d’assouplissement quantitatif”, qui consiste à accroître massivement la masse monétaire en vue de relancer l’économie, suivant l’exemple américain.
Le ministre britannique des Finances Alistair Darling a cependant démenti jeudi l’affirmation du Times selon laquelle il réfléchissait à la mise en place d’une telle politique.
“Personne ne parle de faire tourner la planche à billets. Il faudra qu’il y ait un débat sur ce que l’on peut faire pour aider l’économie si les taux d’intérêt approchent de zéro, comme c’est le cas aux Etats-Unis. Mais pour nous, un tel débat est totalement hypothétique”, a-t-il déclaré.