Les Etats-Unis ont vu cette année leur attractivité en matière d’énergies renouvelables chuter lourdement, entrainée par la crise financière. L’Allemagne lui dispute désormais la position de pays le plus attractif.
Le cabinet Ersnt&Young évalue et compare chaque année le taux d’attractivité d’une vingtaine de pays en matière d’énergies renouvelables. Le rapport, intitulé “Renewable Energy Country Attractiveness Indices” montre une baisse record de l’attractivité dans chacun des 20 pays concerné, une première depuis 5 ans.
Jonathan Johns, responsable des énergies renouvelables chez Ernst&Young, indique que si la crise financière a bien eu un effet négatif sur l’attractivité de tous les pays, ce sont les Etats-Unis qui en ont le plus fait les frais.
“La situation économique aux Etats-Unis a restreint l’accès aux financements, et freiné la réutilisation des crédits d’impots qui permettent aux entreprises d’obtenir des allégements fiscaux en achetant des crédits à la production d’énergie renouvelable”. “Cela a permis à l’Allemagne, presque par défaut, de prendre la place de destination la plus attractive pour les investissements renouvelables, au niveau des Etats-Unis, en majeure partie grâce à son tarif de rachat qui rend son marché plus résistant” ajoute Johns.
Aux Etats-Unis, même si l’attractivité a été renforcée par la signature de la loi d’Amélioration et d’Extension de l’énergie, qui comprend l’élargissement des crédits d’impôt à la production et à l’investissement dans les Enr, la crise économique a durement frappé le secteur.
“Le secteur des services financiers a été de loin le plus grand consommateur de PTC [Production Tax Credit,ndlr] et d’ ITC [Investment Tax Credit], qui ont été la pierre angulaire de la réussite du secteur aux Etats-Unis, commente Johns. Toutefois, la volabilité des marchés financiers mondiaux a entraîné le fait qu’un grand nombre de ces institutions n’ont pas été en mesure de souscrire à ces crédits.
Le Royaume-Uni a progressé, prenant la cinquième place aux côtés de l’Espagne. L’attractivité du pays a été stimulée par le rapport budgétaire du gouvernement bitannique, qui annonçait l’extension jusqu’à 2037 des obligations en matière d’énergie renouvelable. Londres a également bénéficié des effets de la promulgation de la loi de Planification 2008, qui comprend la création d’un nouveau tarif de rachat pour le petit éolien, jusqu’à 5 MW de capacité. Mais l’industrie britannique fait face à une pression croissance des prix dûe au déclin de la livre face à l’euro.
“La chute de la livre rend les projets renouvelables de plus en plus chers, à mesure que les technologies importées d’Europe continuent d’augmenter.” Le déclin du prix du pétrole complique le problème, en réduisant les revenus alors que les prix de gros diminuent, ce qui rend de nombreux projet non viables économiquement. “ll est peu probable que la baisse des prix des matières premières comme le métal et le cuivre sera suffisante pour compenser”, ajoute Johns.
Selon Ernst&Young, le bond en avant de l’indice d’attractivité de l’Allemagne est attribuable à l’annonce par le gouvernement fédéral d’un plan de développement de 33 parcs éoliens offshore, pour atteindre son objectif de 25 GW de capacité éolienne en 2030. En pratique, les investissements devraient prendre plus de temps : “Alors que le gouvernement allemand a défini un plan de production de l’énergie éolienne, la réalité pourrait être bien différente lorsque la crise financière enrayera les flux de capitaux et d’investissement.”
A travers le globe, le rapport table sur un nombre conséquent d’annulations et de retards de projets, signe de l’attentisme des investisseurs.
La Chine se classe troisième du classement, devant l’Inde. l’Italie, la France et le Canada se suivent derrière la Grande-Bretagne.
Voir en ligne : Renewable energy country attractiveness indices for Q3 2008 (PDF)