Le processus d'une nouvelle réforme choc est donc engagé par le président de la République. La mort annoncée du juge d'instruction soulève l'indignation et la polémique, comme il est de coutume avec les interventions tonitruantes de Nicolas Sarkozy. Cet homme aime bien jeter des pavés dans la mare.
Seul représentant judiciaire à l'écart du pouvoir, sa disparition remet en cause l'indépendance du système déjà bien complexe de notre justice. Les autres intervenants, que ce soit le parquet général, le procureur, la cour de cassation ou le juge des libertés, étant nommés ou placés ça et là au bon vouloir de la chancellerie sous l'égide de Rachida Dati, maison mère, et du pouvoir exécutif sous l'égide du président. Mais au vu des différentes grandes affaires politico judiciaire et de la manière dont certaines ont été menées voire classées, la question est de savoir si le juge d'instruction garantissait une véritable et entière indépendance.
Sa fonction lui attribut de nombreux pouvoirs mais il y a tellement de niveaux hiérarchiques et d'autres protagonistes au-dessus de lui qu'il est finalement logique que la question de l'existence même de ce personnage se pose. Rappelez-vous les grandes affaires qui ont explosé mais qui se sont terminées comme des pétards mouillés : sang contaminé, Elf, comptes japonais, Crédit Lyonnais, frégates de Taiwan, etc., etc., etc. La liste est longue mais il vaut mieux ne pas trop en écrire histoire d'éviter de soi-disant diffamations. Il est vrai que je ne suis pas très au fait des us et coutumes de la justice, son fonctionnement n'est pas très précis dans mon esprit. Cependant, il semblerait qu'une telle réforme fragilise le système.
Nicolas Sarkozy, "ancien" avocat cherche peut-être à se venger d'un juge qui s'est mal comporté face à ces plaidoiries. A moins que n'ayant jamais pu accéder à cette fonction, il cherche à y mettre fin pour que plus personne ne fasse mieux que lui. Notre système judiciaire a été mis en place pour sa plus grande partie et pour ses fondamentaux par Napoléon. Faut-il voir dans cette nouvelle réforme le souhait caché de notre président d'être le nouveau Napoléon et ainsi marqué l'Histoire de manière indélébile ? A force, la tête du chef risque de ne plus entrer dans le bicorne.
Les similitudes entre les deux hommes, comme le publie Le point, sont troublantes : un divorce en plein règne, tout faire et vite, des talents d'orateur et des expressions lâchées en public ("Quel couillon" par Napoléon en voyant Louis XVI coiffé d'un bonnet rouge, "Casse-toi pauv' con" par Sarkozy à un passant agressif). J'ajouterai à ça la hauteur de l'homme, c'est une question de taille. Ainsi que toutes ces abeilles qui tournent autour attendant un geste de privilège du chef. A l'instar de Napoléon et même Louis XIV, Nicolas Sarkozy sait manier les foules et les ambitieux satellites qui gravitent autour de lui. La petite saucisse avec plein de fayots autour. Sans compter les influences possibles sur les patrons et autres personnages clés dans les média. Non, je n'accuse personne, j'ai bien employé le mot "possible".
Bref, tout ça pour dire que la fin du juge d'instruction au profit du juge de l'instruction va quelque peu ébranler tout ce petit monde de la justice. Si en plus, Nicolas Sarkozy entend mettre en place petit à petit un système à l'américaine, notre culture de la justice va être mise à mal. D'aucuns avancent déjà des problèmes d'accès pour tous de façon équitable à la défense et j'ajouterai un risque de voir se multiplier les procès pour un oui ou pour un non. Comme disait Coluche, les riches auront à manger et les pauvres auront de l'appétit. Pour le coup, le juge est mis en examen et son cas est quasi réglé.