Sarkozy, une dérive autoritaire ?

Publié le 08 janvier 2009 par Hmoreigne

Reprise en main de la justice, asservissement de l’audiovisuel public, remise en cause du droit d’amendement du parlement, omniprésence médiatique, système de cour … La République prendrait-elle des allures de régime autoritaire ? Arnaud Montebourg a évoqué une poutinisation rampante. Le Point sous forme de clin d’œil affiche en Une un Nicolas Bonaparte. La comparaison n’est pas pour déplaire au locataire de l’Elysée. Elle n’en est pourtant que plus inquiétante pour tous les démocrates.

Que penserait un expatrié français des années 90 s’il revenait s’immerger dans celle de 2009 ? Qu’un vent mauvais souffle sur la patrie des droits de l’Homme ? Que la douce France s’est muée en pays inquiet, sujet au doute, rythmé par les convulsions de celui qu’elle s’est donnée comme Chef de l’Etat ?

On aurait pu attendre de l’exercice du pouvoir suprême qu’il tempère l’agitation de Nicolas Sarkozy, c’est tout le contraire. Etrange pays que le nôtre qui semble vouloir expier ses fautes, celle d’une langueur supposée, de la nonchalance coupable des 35 heures, en se donnant un maître de maison autoritaire, brutal dans ses décisions.

A ce titre, la cérémonie des voeux à l’Élysée aux parlementaires et aux conseillers de Paris est révélatrice. Le chef de l’État s’est gargarisé de sa qualification d’”omniprésident” par la presse. Nicolas Sarkozy à déclaré la préférer à celle de “roi fainéant” comme “on en a connu”, selon lui, dans le passé. “À force d’écrire que j’en fais trop, au moins, on ne se pose pas la question de savoir ce que je fais. C’est arrivé dans l’histoire de notre pays : Mais qu’est-ce qu’il fait donc là-haut ? “.

Fini la France des assistés et des has been. Nicolas Sarkozy est un stakhanoviste des réformes. Des annonces du moins car, dans la mise en œuvre, le brillant manager de la société France patine un peu. Même les consensuels travaux du Grenelle de l’Environnement n’ont trouvé à ce jour aucune traduction législative concrète. Pire dans une caricature d’Etat schizophrène, la puissance publique n’a pas hésité à prendre des décisions en totale contradiction avec ses engagements. A défaut d’être fainéant, Nicolas Sarkozy est un roi bavard. Pas encore, pour le malheur de la France, un roi bâtisseur.

La comparaison avec Bonaparte est avantageuse mais, trompeuse. Supprimer le juge d’instruction n’équivaut pas à écrire le code civil. Laurent Fabius croque avec pertinence le Chef de l’Etat. “Chaque président a eu une grande idée. De Gaulle une certaine idée de la France, Pompidou le développement industriel, Giscard la modernisation de la société, Mitterrand la construction européenne, Chirac l’équilibre de la République. Pour Nicolas Sarkozy, sa grande idée semble être … lui-même”.
On pourrait en sourire si notre société était capable de produire des anti-corps susceptibles de neutraliser l’envahissement élyséen. Las, aucun visage n’émerge pour incarner une opposition audible et crédible au Président de la République. L’opposition, aphone, est aux abonnés absents.

Personne pour tousser quand le président proclame “Dans ma conception d’une démocratie saine et exemplaire, un exécutif fort implique un législatif, un Parlement fort”.

Il est vrai que Nicolas est un magicien qui sait détourner l’attention de son public. Sa méthode consiste à faire de la vente groupée. Une mesure séduisante servie par une bonne communication mais qui emporte des dispositions moins reluisantes qui constituent pourtant l’essentiel de la réforme.

Illustration avec la “vente” en grandes pompes de la révision constitutionnelle destinée à accroître les droits de l’opposition. Quelques mois plus tard pourtant, l’Elysée est porteur d’une réforme qui vise à restreindre le droit d’amendement du parlement.

Sur ce dernier exemple, Nicolas Sarkozy défend son projet en expliquant qu’il y aurait de bons et de mauvais amendements. Des amendements fondés qui vont dans le sens de l’amélioration et d’autres, uniquement destinés à bloquer le travail législatif.

Etrange conception de la séparation du pouvoir dans laquelle c’est l’exécutif qui veut tenir la main aux parlementaires et aux juges. A moins que ce ne soit le début du consulat.