L’Europe vagabonde : Cavtat, la voisine de Dubrovnik

Publié le 12 août 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
La devise de Raguse (premier Etat européen à avoir interdit l’esclavage) : « La liberté ne se vend pas, même pour tout l’or du monde »

 

Se sont-ils  donné  le mot ? La majorité des internautes qui ont répondu par courriel à notre appel sur « l’Europe vagabonde » nous vantent la Croatie. Il est vrai que la « Perle de l’Adriatique » (enfilons d’entrée les clichés….) est plus qu’en vogue : Au premier semestre, sa fréquentation a progressé de 10 % par rapport à la même période de 2006…où tous les records avaient été battus : 3,1 millions de touristes, 12 millions de nuitées ont été enregistrées. Le pays mise sur 11 millions de touristes en 2010 et sur une croissance des recettes qui devrait représenter 29 % du PIB.  « Génial ! Avec un rapport qualité prix sans concurrence… », résume Jan, retour de Zabreg, la plus autrichienne des villes des Balkans. « Je ne suis déçu que par une chose : je m’attendais à un dépaysement plus grand. On se sent chez soi, là-bas».   « Cette cote adriatique est un vrai paradis », note Jean-Luc. « Mais déjà une mode trop suivie. Allemands, Français, Nordiques… C’est l’Europe sur plage ! Où sont les Croates?  Il y a aussi  quelques endroits qui pourraient être plus propres et d’autres où franchement on s’ennuie. Une île, c’est une île. J’y retournerai sans doute, mais je ferai l’intérieur du pays: Il parait qu’il y a des parcs naturels et de paysages extraordinaires. Il faut sans doute s‘y balader en voiture, malgré les routes... » Josiane, elle, a adoré une île où « l’on s’ennuie pas » et où un « snobisme à la tropézienne » n’est pas encore développé. Entre les 1200 îles de la Cote dalmate, il y en a pour tous les goûts et pour toutes le bourses. C’est Cavtat qui a séduit Josiane. Elle était allée dans la région pour Dubrovnik, bien sûr, l’ancienne Raguse, « l’Athènes de l’adriatique », la « Venise slave », « la Belle dalmate », la protégée de l’UNESCO. Elle l’a appréciée, bien sûr, y compris en marchant sur ses pavés glissants. Qui pourrait rester insensible à cette Merveille médiévale qui est incontestablement l’un des coins d’Europe les plus fascinant ? Qui pourrait ne pas admirer ses remparts, érigés entre les XIIe et XVIe siècles, qui  contournent l’intégralité de la vieille ville : sur plus de 2 kilomètres, un épais rideau de pierre pouvant atteindre 25 mètres de hauteur, avec  deux tours circulaires et pas moins de quatorze tours carrées, deux fortifications angulaires et une forteresse ? Un chef d’œuvre. Qui pourrait ne pas penser aussi à toute cette Histoire qui imprègne les pierres et les têtes de cette cité   qui a su échapper à tant de catastrophes et survivre à tant de cataclysmes ? La « Sublime dalmate »  a toujours su panser ses plaies. Plus de traces des crimes commis en cette cité durant la guerre de Yougoslavie. Pourtant, les bombardements avaient touché près de70 % de la ville et les tuiles de la vieille ville ont dû être remplacées, une à une.   Un bel exemple de solidarité internationale. A travers la reconstruction de Dubrovnik si porteuse de l’idéal de Liberté, c’est la confirmation que l’Humanité peut et doit triompher de l’inhumanité.    Ne vient-t-elle pas encore, cette ville où Bernard Shaw voyait un port du paradis, d’échapper de peu à un incendie gigantesque qui a ravagé durant trois jours des forêts de l’est de la ville et est venu léché ses faubourgs ? Mais à Cavtat, où elle s’est rendue en bus, Josiane a eu le type d’émotion qui prend parfois le voyageur aux tripes : « C’est là que je voudrais être enterré ! » Cavtat, c’est une Riviera, bien sûr, avec tout ce que cela implique. Et si elle a connu un beau développement touristique ces dernières années, mais elle a su conserver son authenticité.

C’est une ville charmante plus qu’une station à la mode : la Cote d’azur voilà 40 ans… Moins impressionnante que sa grande voisine dont elle a partagé le destin, elle est très intéressante avec son Palais du Capitaine, ses fortifications, son enceinte fortifiée, ses places, son  église Saint-Nicolas, son Église Notre-Dame-de-Cavtat et son couvent des Franciscains. Avec aussi ses plages (de sable ou de pierres), ces ports de pêcheurs, ses cirques, ses hauteurs, ses fleurs, ses arbres. Et quelques curiosités, comme ce musée sous-marin aménagé à 27 mètres au fond de la mer dans une épave antique.

Anecdote historique : Calvat est née (grâce aux Grecs) avant Raguse, donc avant Dubrovnik, cette « fiancée du monde » qui affiche toujours fièrement sa devise : «  Non bene pro toto libertas venditur auro » (La liberté ne se vend pas, même pour tout l'or du monde).

Plus qu’un slogan, des principes que Dubrovnik a appliqué quand, durant 450 ans,  les Ragusains ont administré eux-mêmes leur rocher étranglé par la montagne et la mer, comme coupés du reste du monde. Bien des démocraties modernes gagneraient à s'inspirer de l’esprit qui y régnait. Avec comme gouverneur  un « recteur », élu  chaque mois,  qui  était logé au palais du recteur, où il ne recevait ni amis, ni famille, se consacrant entièrement à sa tâche…

 Le saviez-vous ? En 1416, elle a été le premier Etat européen à abolir l’esclavage. Un beau titre de gloire. Autre titre de gloire : elle est la patrie non seulement de savants qui ont marqué leur temps mais aussi du  dramaturge  Marin Držić  (1508-1567), un prêtre très rabelaisien,  qui a publié Oncle Maroje aux alentours de 1550. Il est considéré non seulement comme l’un des plus grands auteurs de la Renaissance (tous pays confondus), mais aussi comme l’un des prédécesseurs de Molière et de Shakespeare. La richesse de la culture européenne vient du frottement des cervelles… William PETIJEAN

 

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