Il ne suffit pas d’attribuer, pour quelque raison que ce soit, la liberté à notre volonté si nous n’avons pas de raison suffisante d’accorder aussi cette même liberté à tous les êtres raisonnables. Car, étant entendu que la moralité ne nous sert de loi qu’en tant que nous sommes des êtres raisonnables, elle doit valoir aussi pour tous les êtres raisonnables, et puisqu’elle doit être dérivée uniquement de la propriété de la liberté, il faut aussi prouver que la liberté constitue une propriété de la volonté de tous les êtres raisonnables, -et il ne suffit pas de la démontrer à partir de certaines prétendues expériences de la nature humaine (ce qui au demeurant est absolument impossible et ne peut être établi qu’a priori), mais on doit la prouver comme appartenant à l’activité d’êtres raisonnables en général doués d’une volonté. Kant Fondation de la métaphysique des mœurs 2ème section éd. Flammarion 04/08 p.148