S'il y a eu quelques moments de calme et d'harmonie dans mon enfance, ils sont systématiquement évoqués par l'audition de l'Adagio Cantabile de la sonate numéro 8 de Beethoven. Je revois le salon ensoleillé du dimanche matin et mes deux parents encore ensemble, qui s'aimaient. Mon frère qui tripote un jouet en balbutiant par terre, sourire épanoui au bec. Boule-de-soie qui ronronne, accoudée comme un bouddah dans la grande chaise berçante. Je suis là aussi. J'écoute cette musique qui semble faire chatoyer les cent rayons de soleil filtrant entre les géraniums. Je ne remarque pas, mais j'absorbe, grâce à ce morceau, une grande lampée de ce que je chercherai éternellement ensuite.