Avec la coupe mulet ou le futal slim, le vélo connaît ces temps-ci un retour en force, crise écologico-économique oblige. Il y a quelques années, Nantes pouvait se targuer d’être un des fers de lance de la petite reine, en France du moins.
L’eau a coulé sous les ponts de la Loire et après une baisse de régime, la cité des Ducs a voulu rattraper son retard en rejoignant le peloton très couru des villes–à-vélo-en-libre-service. Bicloo, importé par le géant publicitaire Decaux, était né. Le principe est simple : on achète un abonnement à l’année ou à la journée, et l’on profite d’un vélo « gratis » pendant une demi-heure. Seulement voilà. Des critiques se sont fait entendre, venant notamment d’un groupement de cyclistes nantais, Place au Vélo. Militant depuis 17 ans mais ignorée durant toute la mise en pace de Bicloo, l’association pointe quelques défauts, à commencer par l’étendue du système.
Couvrant 6 km2 (une légère extension est toutefois dans les cartons), le parc cyclable reste limité au centre-ville, ignorant de facto la fac et tous les quartiers nantais, pourtant eux aussi concernés par le développement des moyens de transport alternatifs. Autre point noir : l’interdiction de la location entre 1h et 4h du matin, précisément au moment de l’arrêt des trams… Ajoutons à cela un système de bornes bloquantes défectueux qui a privé certains utilisateurs malchanceux de leur caution (150 euros tout de même) et un manque d’aménagements cyclables.
Tant d’exemples qui poussent Place au vélo à n’y voir qu’une opération de communication dénuée de véritable volonté politique (contrairement à Bordeaux, par exemple). Côté Nantes Métropole, on proteste, arguant que le nombre de pistes cyclables ne fait qu’augmenter, que les abonnements se multiplient et que les défauts du Bicloo sont en cours de réparation… Une querelle qui ne semble pas affecter le grand gagnant de l’histoire, Jean-Claude Decaux. Grâce au vélo, le publicitaire a pu se remettre en selle et amorcer la reconquête d’une partie du marché nantais qui lui avait filé entre les doigts en 2001 au profit de son concurrent Clear Channel. La roue tourne pour tout le monde…
Publié dans Pulsomatic