Alors que les violences se poursuivent à Gaza, en dépit d'un cessez-le-feu quotidien de trois heures annoncé par Israël, les regards se tournent vers le Hezbollah. Avec une question centrale : deux ans après la guerre de 2006 contre l'Etat hébreu, le Parti de Dieu chiite a-t-il intérêt, ou non, à enflammer le front libanais ? Décryptage rapide, avec quelques pistes de réponses aux questions posées par de nombreux lecteurs...
Le renforcement de la FINUL au Sud Liban signifie-t-il la crainte d'un débordement du conflit ?
C'est, en fait, la découverte, avant les raids israéliens sur Gaza, de roquettes de type Katioucha au Sud du Liban (dont l'origine reste indéterminée) que les patrouilles de la FINUL (force intérimaire des Nations Unies) ont été renforcées entre la « ligne bleue » définissant la frontière avec Israël et le fleuve Litani plus au Nord. Certains analystes mettent néanmoins en garde contre les risques d'embrasement régional. Après tout, rappellent-ils, c'est au moment de la dernière crise entre le Hamas et Israël que la guerre de 2006 fut déclanchée. A l'époque, l'Etat hébreu jugea nécessaire de répliquer par la force à l'enlèvement par le Hezbollah de soldats de Tsahal postés à la frontière. De plus, Israël, qui estime que le Hezbollah a « triplé sa puissance de feu » depuis la dernière guerre, a du mal à accepter le réarmement d'un de ses principaux adversaires dans la région.
Lors de ces derniers discours, Hassan Nasrallah a préféré la modération. Pourquoi ?
Le leader du Hezbollah a ses raisons. A peine remis du dernier conflit dévastateur, le Parti de Dieu n'est pas dans la meilleure position pour supporter les séquelles d'une nouvelle guerre. De plus, alors que la reconstruction s'achève péniblement dans la banlieue Sud de Beyrouth et les villages du Sud, la population aurait du mal à accepter de supporter un nouveau fardeau. Nasrallah semble en être conscient et ne veut pas mettre en danger l'aura de son Parti, à l'approche des élections législatives du printemps prochain. Il doit en effet ménager sa base qui, pour l'heure, ne cesse de saluer les récentes « victoires » du Hezbollah : militaire (2006) et politique (accords de Doha en mai 2008). Enfin, si le Hezbollah provoque une escalade, ses rivaux internes pourraient s'en servir comme argument pour exiger son désarmement.
Y-a-t-il pourtant un risque de dérapage ?
Rien n'est exclu, en effet. N'oublions pas que depuis l'assassinat d'Imad Moughnieh, à Damas, en 2008, le Hezbollah n'a pas encore « vengé » sa mort. Par ailleurs, si le conflit entre le Hamas et Israël s'enlise, la perspective d'une victoire possible de l'Etat hébreu pourrait, selon certains analystes, effrayer le parti de Dieu qui aurait alors intérêt à ouvrir un front libanais...