Les négociations liées à la réforme sur la formation professionnelle touchent à leur fin et devraient permettre selon l'AFP "d'augmenter chaque année de 700.000 le nombre de salariés peu qualifiés et de demandeurs d'emploi bénéficiant d'une formation". Un Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), constitué par des cotisations d'employeurs, permettra de financer ce plan qui ne rencontre pas d'opposition majeure de la part des partenaires sociaux.
Lorsque cette réforme a été amorcée en juillet 2008, les objectifs définis étaient clairs et précis : partant du constat qu'un budget de 27 Milliards d'Euros était souvent partiellement gaspillé par des organismes collecteurs assez éparpillés et jugés trop nombreux, il fallait selon le gouvernement :
- mettre en place une gestion efficace de ce budget (en diminuant donc le nombre de ces organismes... qui eux-même s'adaptent aux nouvelles contraintes...à suivre)
- faire en sorte que ces formations permettent à tous de garder un emploi ou d'en trouver un.
- réduire la disparité et l'injustice entre les bénéficiaires de ces budgets; les cadres et le personnel hautement qualifié bénéficient davantage de dispositifs et de conventions de formations.
Dans le cadre de la garantie de l'égalité des chances, je trouve tout à fait réjouissant qu'on se penche un peu plus sur ceux qui ne parviennent pas à intégrer le système de la vie salariée, en adaptant des projets aux besoins du marchés... Mais il ne sera pas dit que je ne ferai pas quelques critiques sur les tendances que je redoute à l'intérieur d'un contexte global de règne de la terreur sur les "inactifs" en Sarkozie :
- J'ai beau ouvrir grands mes yeux et mes oreilles, je ne trouve aucune mention relative à la notion de "projet professionnel personnel". On regarde le marché et on adapte avant tout les compétences aux besoins. Les compétences sont gérées comme des aptitudes et non pas comme des talents. Urgence de la situation oblige, avec des chiffres du chômage alarmants et une pénurie de compétences manifestement pérenne dans certains secteurs. Mais on continue de traiter "à la chaîne" les demandeurs d'emploi. L'effort à accomplir se situe donc encore et toujours pour les conseillers ANPE dans le temps à prendre pour définir un projet professionnel... Mais pour l'instant ils n'en ont pas les moyens, et les cadences exigées pour les quotas ne vont pas dans ce sens...
- En outre, on parle comme dans chaque réforme de "meilleure gestion de l'argent", forcément, "de meilleure gestion de l'offre"... mais pas de parcours professionnel dans la durée. Ce n'est sans doute pas une priorité quand on gère l'urgence, néanmoins, dans une société du travail qui exige de plus en plus de flexibilité "tout au long de la vie", il faut avant tout envisager la formation comme une étape à l'intérieur d'un parcours nécessitant de se former encore et toujours. D'où l'importance de nouveau de créer des projets professionnels, de ne pas rendre les hommes tributaires des nécessités ponctuelles qui les enferment dans une autre forme de précarité. Celle du pion...
==> On oblige aujourd'hui le demandeur d'emploi à accepter les offres proposées, même si elles ne lui conviennent pas. On va maintenant l'obliger à se former dans les domaines de ces offres d'emploi, sans se soucier de quelque projet que ce soit. On nie la particularité et l'individualité de ce qui est au fondement de la motivation... On reste dans l'optique : homme au travail = "ressource" pour l'entreprise. Bientôt on parlera non pas de "ressources humaines" mais de "matricules aptes". Il est clair qu'il faut être idéaliste pour oser parler de projet professionnel individualisé. Mais le temps passé au travail nécessite de prendre en compte la dimension humaine, surtout dans une optique du "travailler plus"!
Bref, mention passable pour une réforme qui méritait d'être conduite, mais qui manque d'humanisme. On s'en serait douté...
Commission emploi du Mouvement Démocrate : un sujet sur lequel bûcher