Record de consommation électrique en France, baisse des livraisons de gaz naturel du géant gazier russe Gazprom, la vague de froid qui touche l’Europe atteste de la menace énergétique qui plane sur l’Union Européenne. En novembre 2008, l‘étude de l’Observatoire Européen des marchés de l’Energie(OEME) de Capgemini alertait sur le risque d’un ralentissement des investissements dans les infrastructures énergétique susceptible de menacer la sécurité d’approvisionnement énergétique lors du retour de la croissance.
La consommation d’électricité en France a atteint un nouveau record historique mardi à 19H00, à 91.500 mégawatts (MW). Le même jour, les livraisons de gaz naturel de Gazprom ont baissé de plus de 70% en France.
Le problème n’est pas spécifique à la France qui à l’inverse d’autres pays membres peut compter sur son parc nucléaire et sur des approvisionnements en gaz diversifiés. D’une façon générale, L’Europe en dépit de ses efforts pour développer son approvisionnement par le sud, reste extrêmement dépendante du géant gazier Russe. Pourtant selon le quotidien Suisse Le Temps, la vraie inquiétude ne vient pas de la volonté des Russes à commercer mais de leur capacité à fournir. Le Temps rappelle que Gazprom est très endetté et fait face à de réels problèmes d’approvisionnement pour honorer tous ses contrats : “il est fréquent que des villes russes soient privées de gaz et remettent en marche d’anciennes centrales à charbon pour s’éclairer afin d’assurer les livraisons promises à l’Ouest, preuve flagrante, et dramatique, de la fragilité du réseau contrôlé par Gazprom”.
L’étude de l’OEME montre qu’en 2007 et début 2008, l’Europe n’a pas réussi à répondre à ses besoins énergétiques tout en réduisant ses émissions de CO2. En 2007, la consommation d’électricité en Europe a continué de croître et les émissions de CO2 sont restées stables alors qu’elles étaient supposées diminuer.
Mais surtout, elle souligne qu’en dépit de conditions climatiques favorables, la sécurité d’approvisionnement électrique s’est détériorée. L’OEME insiste sur la nécessité d’investissements très significatifs de l’ordre de 1 000 milliards d’eurospour la construction de nouvelles centrales, de lignes électriques et de gazoducs.
Le risque pointé serait que la crise financière mette un frein au cycle d’investissements hautement nécessaires non seulement pour créer de nouvelles infrastructures mais aussi pour remplacer celles en fin de vie (centrales, lignes électriques, gazoducs…). De ce côté, la France est particulièrement concernée avec un parc nucléaire qui date des années 70 mais aussi des barrages hydroélectriques dans un état tout aussi dégradé . Le seul enjeu du démantélement des centrales nucléaires devenues vétustes est financièrement considérable . Le coût varie de 10 à 40% initial voir 100% dans certains cas.
L’autre écueil lié à la crise mis en avant par l’OEME, c’est la diminution des subventions des Etats aux énergies renouvelables qui ont pourtant besoin d’être subventionnées pour être financièrement compétitives. Des Etats exsangues, incapables d’investir mais aussi tentés par un plafonnement du prix de l’électricité afin de préserver le pouvoir d’achat de leurs citoyens. Double peine donc car du coup, moins de recettes pour les opérateurs.
La libéralisation du secteur à tous crins est-elle compatible avec son importance ? On peut légitiment en douter. Par essence les opérateurs privés dont l’objectif premier est la rentabilité restreignent au maximum les investissements. La solution politique logique serait que l’Union Européenne qui dispose d’une grande puissance financière se substitue aux Etats et développe un service public européen de l’énergie.
En attendant, Capgemini estime que le réveil pourrait être douloureux lorsque la croissance repartira, avec des problématiques de sécurité d’approvisionnement et de réduction des émissions de CO2 exacerbées.