Pour une fois (la deuxième), un conseil sur commande. A la demande de Babelio dans le cadre de l’opération masse critique.
J’ai reçu Crack, de Tristan Jordis. Découverte, nécessairement, parce que c’est un premier livre. Et un univers qui ne m’est pas si étranger, pas pour des raisons de consomation, rassurez vous.
Le Crack.
Alors, Tristan Jordis.
Il a fait des étude de sociologie, s'est passionné pour l’urbanisme et l’architecture, puis est devenu journaliste “terrain” pour la radio, avant de tenter de réaliser un documentaire, pour finalement écrire un livre. En gros, je n’en sais pas beaucoup sur lui :-)
Le livre.
C’est le récit de la rencontre entre Tristan et les fumeurs de crack de la Porte de la chapelle et ses environs, à Paris, en 2006. Ce n’est pas un roman, mais bien un récit.
Parti pour réaliser un documentaire, armé de sa caméra, de sa naïveté et de son angélisme idéologique, il va à la rencontre de ces personnages loin de tout.
Il découvrira des êtres humains, là ou beaucoup ne voient plus que des déchets.
Et il trouvera ce qu’il est venu chercher, et sans doute un peu plus.
Assez énervant par sa rébellion bien-pensante et naïve, il finit par plaire, avec son courage et sa ténacité. Parce qu'aller traîner au coeur de la nuit en compagnie des pires toxicomanes de la ville, sur leur territoire, il faut vraiment en avoir envie.
Dans ce monde en majorité noir, il est le petit blanc qui veut faire son film, celui que l’on prend à priori pour un flic, que l’on va d’abord essayer de mettre à l’amende.
Il finira par partager le poulet braisé au squat de la SERNAM, espace ou les “usagers” trouvent un semblant d’organisation.
Il ne sortira pas sa caméra.
Je ne sais pas si l’on est en présence d’un écrivain. Le récit est assez particulier dans sa forme. Beaucoup de dialogues et de faits simplement décrits. Mais il m’a captivé. Très humain, Tristan Jordis prend le temps d’établir de vraies relations, et regarde sans juger. Il nous fait approcher ce monde si lointain et étrange, et fait vivre le peuple des polytoxicomanes, tendance lourde.
Plus gênante, peut être, sa propre mise en scène à l’intérieur du livre. Nécessaire sans doute, ne serait-ce que pour saisir l’intensité de la trouille qu’il à pu éprouver parfois.
Son projet de film s’est transformé en livre, et pour l’avoir sous les yeux, il vous suffit de l’acheter :-)
Publié au éditions du Seuil.