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LA MAISON DU SOUFFLE
(EXTRAITS)
I
Toute pierre digne de ce nom
porte la lumière en soi
la lumière fabrique un œil
là où il n'y a rien
l'œil mord le rien
et le rien crie
patine de silence
farine de larmes
la pierre habitée par le cri
découvre le cœur de l'étincelle
au milieu de sa patience
à coups de pieds à coups de dents
dehors dedans
là où il n'y a rien
il y a quelque chose qui brille
grains de beauté
tâches de rousseur
rides du premier ciel
caresses
du premier rire
du nouveau-né
dans le four d'un lion doré
je ferai un pain de cris
et un pain de rires
car je n'aime que les rêves
que l'on peut partager
VI
Notre secret est la surprise
du sel dans la bouche
le goût de l'incendie
le chemin qui trace dans le ciel
le cerf volant
la caresse de la pastèque amoureuse
je lèche la dentelle rouillée
d'une méduse
j'embrasse la bouche du silence
l'horizon abrite le colibri
parole et souffle apprivoisé
il se nourrit dans ma main
il picore de petits mots cassés
dans le jardin infime de la mer
le cri de la mouette se transforme
en signe d'interrogation
au milieu de mon silence
un murmure est venu me chercher
il m'attend sur la plage
il m'attend aussi sur la montagne
bleue
comme la généalogie de la lumière
ou un ami assis près de la mer
devant un verre d'eau-de-vie
Luis Mizón, La Maison du souffle, in « Partage des voix », Autre Sud, septembre 2008, N° 42, pp. 78 et 83.
LUIS MIZÓN
Voir aussi :
- (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Luis Mizón.
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