(Daniel Craig tout seul sur l'affiche alors qu'il y a 2 héros dans
le film, c'est quand même de l'abus marketing...)
Avant tout, et c'est une chose que je ne savais pas en découvrant le film, il s'agit de l'adaptation sur grand écran d'une histoire vraie basée au temps de l'Allemagne Nazie. Le film s'ouvre sur des images en noir et blanc, avec la pellicule qui crépite et tout, dans le style des vieux documents vidéo de la Seconde Guerre. Bon, ça trompe personne, on voit immédiatement que l'effet rétro a été soigneusement travaillé, mais de toutes façons ce n'est pas l'intention du réalisateur de faire croire à qui que ce soit que ce qu'on voit, ce sont réellement des images d'archives.
Et quand bien même, le noir et blanc laisse vite place à la couleur et à la qualité vidéo qu'on connaît bien au cinéma aujourd'hui, avec filtres de couleurs et tout le tralala. Bleu glacé, le filtre de couleur, ça colle bien avec l'atmosphère du film. Le détail percutant des premières minutes du film c'est l'apparition du titre, minuscule, blanc, sobre, surgissant juste après l'image d'un homme en noir et blanc abattu sous nos yeux.
Le scénario revient sur l'histoire, vraie donc, d'une petite communauté juive qui s'est réfugiée dans les bois des mois durant pour échapper aux soldats allemands (et à tous les autres ennemis potentiels par la même occasion).
Enfermés dans leur forêt un peu comme la troupe de Kevin Costner au temps de Robin des Bois, leur survie s'articule autour d'un schéma ultra-simple: dedans, c'est un ersatz de sécurité, on peut même se permettre d'y célébrer un mariage; dehors, c'est la mort, avec les mitraillettes ennemies qui te cueillent tout frais et qui sont prêtes à t'envoyer tellement de plomb dans la tronche que même Iron Man il ferait moins de bruit que toi aux portiques d'un aéroport.
Je m'égare.
Une petite société qui s'organise à la va-vite, forcément, ça finit par créer des tensions entre les gens, en particulier entre les "chefs officiels" et les petits caïds qui aimeraient bien devenir calife à la place du calife. Un concours de quéquettes, quoi. Surgissent alors des problèmes et des violences internes, qui placent le mot 'survie' dans la catégorie des utopies impensables. Quand ce sont pas les soldats allemands qui cherchent à t'envoyer du plomb dans le derche, ce sont tes voisins de paillasse qui te privent de ta ration de bouffe et qui te courent après pour te faire la tête au carré pour un oui ou pour un non.
Les 2 personnages principaux du film, il faut les citer, sont Zus (Liev Schreiber) et Tuvia (Daniel Craig) Bielski, les deux frères qui sont à l'origine de l'établissement de cette communauté juive au beau milieu de la forêt. Ayant accepté d'aider et de protéger une petite poignée de juifs, ils se sont finalement retrouvés responsables de plusieurs centaines de personnes, qui continuaient d'arriver dans le camp de fortune au fur et à mesure.
Les scènes d'action sont rares, mais précises et impressionnantes, assez respectueuses des faits historiques dans leur globalité. J'entends par là qu'il n'y a pas de prises de kung-fu à la Walker Texas Rangers, et heureusement.
Si je devais citer une scène, et là je préviens d'avance qu'il s'agit d'un possible spoiler, je citerais celle où un soldat allemand isolé se fait choper par des membres de la communauté prisonnière de la forêt. Autant dire que ça chauffe pour ses miches. D'abord tranquilles, les gens tentent de le questionner, lui posent des questions, le malmènent mais avec modération. Puis, au fur et à mesure et sans événement déclencheur particulier, le groupe devient menaçant, et finit par se laisser à une profonde violence, en l'achevant à coups de pieds et de morceaux de bois avec l'énergie du désespoir. A travers la mise à mort lente et jouissive du soldat allemand, c'est le gouvernement nazi tout entier que le groupe crève à coups de branches vengeurs. A cet instant précis, le spectateur peut (ou pas, c'est son choix) engager une réflexion sur les limites de la responsabilité de chacun dans les horreurs d'une guerre, et par extension dans celle d'un véritable génocide. Jusqu'où un simple soldat peut-il être tenu pour responsable des ordres qu'on lui donne et auxquels il obéit? Cette petite remarque se retrouve plusieurs fois dans le film et est toujours traitée avec violence. Quand on veut sauver sa peau, on ne philosophe pas, on agit, point barre.
Le film se clôt sur un panorama en noir et blanc présentant les photographies et de très courtes biographies des personnages réels qui ont inspiré le scénario, ce qui est, à mon avis, une chose très appréciable, une sorte d'hommage discret qui vaut toutes les déclarations d'admiration du monde. Sans oublier que le jeu des acteurs est en lui-même un hommage à cette période de l'histoire: si Daniel Craig n'était peut-être pas l'acteur idéal pour incarner Tuvia Bielski, en revanche Liev Scheiber est impressionnant dans le rôle de Zus. Tous les acteurs offrent une interprétation juste et sans couacs.
Reste que, Les Insurgés étant un film qui semble toujours hésiter entre action bourrine et blabla introspectif, il arrive à plusieurs reprises que le spectateur ne sache plus trop où le réalisateur veut en venir. Les temps morts ne sont pas absents du scénario, mais ils sont bien heureusement assez courts, et offrent même parfois de nouvelles perspectives intéressantes à explorer.